Trois nouveaux papiers viennent de sortir se proposant de donner une synthèse des tests d'ADN mitochondrial sur des squelettes préhistoriques en Europe.

Le premier est le papier de Marie-France Deguilloux intitulé: European Neolithization and Ancient DNA: An Assessment
Voici quelques remarques:

  • Deguilloux a écrit son papier avant la sortie du papier de Marie Lacan sur la grotte Avellaner en Espagne puisqu'elle n'en parle pas. Elle parle, par contre du premier papier de Marie Lacan sur la grotte de Treilles dans le sud de la France.
  • Deguilloux parle de résultats de tests d'ADN ancien encore non publiés de la nécropole de Gurgy en France du néolithique moyen. 3 résultats de test mtDNA sont donnés pour Gurgy: T, X et J sans plus de précision.
  • Deguilloux base son analyse à partir des tests de mtDNA en Europe centrale, Europe du nord et Europe de l'ouest. Elle donne ce schéma très intéressant:

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On remarque ainsi que le mésolithique est donné essentiellement par les haplogroupes U4 et U5. Le reste est dû au néolithique (K, J, T, W, N1, X). Deguilloux en conclue une forte discontinuité dans l'ADN mitochondrial entre les paléolithiques et les premiers néolithiques. Par contre elle remarque que l'ADN mitochondrial paléolithique se retrouve de façon assez importante dans la population européenne actuelle. Elle en conclue a un mélange des pools génétiques paléolithique et néolithique après le néolithique initial. Cela l'amène à proposer un modèle de néolithisation du courant danubien par migration initiale en saut de grenouille jusqu'en Europe occidentale, suivie d'une acculturation des paléolithiques à partir de chaque enclave néolithique.
Le second papier est celui de Qiaomei Fu intitulé: Complete Mitochondrial Genomes Reveal Neolithic Expansion into Europe qui donne lui aussi un schéma très intéressant:
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Qiaomei Fu montre ainsi une rupture génétique entre les chasseurs-cueilleurs dont les haplogroupes sont largement dominés par U, et les fermiers du néolithiques qui montrent une bien plus grande diversité. Cette diversité est très proche de la diversité de l'ADN mitochondrial des populations actuelles.
Enfin le dernier papier est celui de François-Xavier Ricaut intitulé: A Time Series of Prehistoric Mitochondrial DNA Reveals Western European Genetic Diversity Was Largely Established by the Bronze Age . Il donne également un schéma intéressant:
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François-Xavier Ricaut a écarté de son analyse tous les tests d'ADN mitochondrial ancien concernant des mésolithiques "récents" voisins de populations néolithiques afin de supprimer des contaminations éventuelles d'haplogroupes néolithiques chez les mésolithiques. Il arrive ainsi à la conclusion que seul l'haplogroupe U est représentatif des populations mésolithiques. Il montre également que la période chalcolithique est caractérisée par des changements concernant la fréquence des haplogroupes existants au néolithique (voir notamment la quasi disparition de l'haplogroupe N1 et l'augmentation de l'haplogroupe X). Ce n'est donc pas un apport de population étrangère, mais plutôt une redistribution des haplogroupes néolithiques. Enfin, la différence entre le chalcolithique et la période contemporaine est marquée essentiellement par la croissance de la fréquence de l'haplogroupe H.

En conclusion, à la lecture de ces trois articles, on peut faire les remarques suivantes:

  • l'ADN mitochondrial des mésolithiques est caractérisé uniquement par l'haplogroupe U: principalement U4, U5a et U5b. Les quelques résultats mésolithiques autre que U (J, T et K) sont issus de populations récentes contemporaines de populations néolithiques et pourraient être dû à une contamination de populations néolithiques voisines. Ce résultat reste cependant a être validé notamment par de nouveaux tests sur des mésolithiques anciens dans le sud-ouest de l'Europe (Ibérie) afin de voir si l'on trouve les haplogroupes H1 et H3 reliés au mésolithique par certains auteurs.
  • le néolithique montre l'arrivée d'une nouvelle population en provenance du Proche Orient caractérisée par une grande diversité génétique. Ces tests prouvent donc l'origine démique du processus néolithique. L'haplogroupe U se retrouve cependant également au néolithique ce qui prouve un certain niveau d'acculturation des populations mésolithiques.
  • le chalcolithique est proche génétiquement du néolithique. La différence notée par Ricaut dans les fréquences des haplogroupes entre le néolithique et le chalcolithique doit encore être validé pour s'assurer qu'il ne s'agit pas d'un effet d'échantillonnage. Les test d'ADN ancien sont en effet encore peu nombreux.
  • le passage du chalcolithique à la période contemporaine se traduit par une croissance notable de l'haplogroupe H qu'il conviendra d'expliquer.