Généalogie génétique

Marie Lacan vient de publier sa thèse obtenue à l'université de Toulouse intitulée: La Néolithisation du bassin méditerranéen: Apports de l'ADN ancien. Elle apporte ainsi un certain nombre de résultats de tests d'ADN sur des squelettes mésolithiques ou néolithiques dont deux sites ont déjà fait l'objet d'une publication.
Marie Lacan a ainsi travaillé sur les restes de squelettes issus de 29 sites archéologiques différents:
Parmi ces 29 sites, seuls 6 ont donné des résultats exploitables.

Le premier site est la grotte de l'Avellaner dans le nord-est de l'Espagne (Site 11 sur la carte ci-dessus). Ce site correspond à la culture épicardiale. La datation C14 sur un fragment d’os a donné la première moitié du Vème millénaire av. JC. 7 individus ont donné des résultats d'ADN: 6 hommes et 1 femme dont les résultats d'ADN mitochondriaux sont les suivants:
On obtient ainsi 3 échantillons K1a, 2 T2b, 1 H3 et 1 U5. Les cinq premiers doivent être originaire du Proche-Orient alors que les 2 derniers doivent être d'anciennes lignées mésolithiques européennes. Les résultats d'ADN du chromosome Y des 6 hommes sont les suivants:
5 échantillons sont G2a-P15 et le dernier est E1b-V13. L'haplogroupe G2a est originaire du Proche-Orient et est arrivé en Espagne avec les fermiers néolithiques. L'haplogroupe E1b-V13 est probablement arrrivé dans les Balkans au mésolithique, puis a du arrivé en Espagne avec les premiers fermiers néolithiques. Le marqueur associé à la persistance de la lactase, c'est-à-dire à la capacité de dégrader le lactose, a pu être étudié pour 6 individus. L’étude de cette position a révélé que les 6 individus portaient l’allèle ancestral et n’étaient donc probablement pas capable à l’age d’adulte, de digérer le lait frais.

Le site suivant est la grotte des Treilles dans le sud de la France (Site 1 sur la carte ci-dessus). Ce site correspond au néolithique final et est daté de 3000 av. JC. 24 échantillons ont donné des résultats autosomaux: 22 hommes et 2 femmes. 29 échantillons ont donné des résultats d'ADN mitochondriaux:
On obtient une forte diversité mitochondriale: H1, H3, HV0, V, K1a, T2b, U, U5, U5b1c, X2, et J1. En ce qui concerne les résultats d'ADN du chromosome Y, parmi les 22 hommes, 20 sont de l'haplogroupe G2a-P15 et 2 sont de l'haplogorupe I2a1-P37:
L'haplogroupe I2a1 est probablement un haplogroupe mésolithique européen du bassin méditerranéen. Enfin, le polymorphisme associé à la persistance de la lactase a pu être caractérisé pour 26 des 29 individus testés. Tous présentent un génotype qui correspond à la position ancestrale. Les individus des Treilles n’étaient donc probablement pas capables de digérer le lait frais.

Des tests d'ADN mitochondriaux ont également été réalisés sur 1 individu de 5 sites différents: la nécropole mésolithique de Téviec en Bretagne (Site 6 sur la carte), la grotte mésolithique de Linatzeta dans le Pays-Basque espagnol (Site 14) datée de 6200 av. JC, Rendina en Italie du sud (Site 18) de la culture impressa adriatique (néolithique ancien), la grotte mésolithique de Los Canes en Espagne (Site 13) et la grotte de Franchthi dans le Péloponnèse en Grèce (Site 21) du mésolithique au néolithique final. Seuls les grottes de Linatzeta et de Franchthi ont donné des résultats probants à savoir l'haplogroupe H:
On a ainsi une preuve supplémentaire de la présence de l'haplogroupe mtDNA H au mésolithique en Europe.

La grotte de Santimamiñe en Espagne (Site 16 sur la carte) daté de la fin du néolithique a donné des résultats d'ADN mitochondrial pour deux individus:
Les haplogroupes obtenus sont H1 et U5.

Enfin le dernier site a avoir livré des résultats est le dolmen de la Pierre Fritte à Yermenonville dans l'Eure et Loir dans le nord de la France (Site 9 sur la carte ci-dessus). Il est daté du néolithique final entre 2800 et 2700 av. JC. Deux individus ont donné des résultats probants. Il s'agit de deux hommes dont les haplogroupes mitochondriaux sont K et K1a:
Les résultats d'ADN Y ont donné pour les deux hommes l'haplogroupe I2a1:
Ce dernier résultat est intéressant, puisqu'il donne les premiers résultats d'ADN Y sur des squelettes issus d'un mégalithe dans l'Europe du nord-ouest. Trouvé ainsi l'haplogroupe méditerranéen I2a1 est donc particulièrement révélateur et rejoint les résultats d'ADN autosomaux anciens trouvés récemment en Suède qui avaient montré que les fermiers de la cultures mégalithique des gobelets à entonnoirs étaient d'origine méditerranéenne. Autre point intéressant: une fois encore l'haplogroupe R1b du chromosome Y est absent du néolithique final en Europe, ce qui semble confirmer son arrivée en Europe occidentale avec la culture campaniforme.