Thomas Doppler a publié en 2012 un livre sur l'étude de la sépulture collective de Spreitenbach-Moosweg, Suisse. En 1997, une sépulture collective du Néolithique final a été découverte à Spreitenbach (Canton d’Argovie), constituée d’une fosse de 3.7x4.5m, dans laquelle on avait érigé une chambre funéraire en bois de 1.5x2.3m orientée NE-SW. Une superstructure plus vaste enveloppait probablement la chambre. La sépulture fut utilisée durant un maximum de 2 générations pendant la période de transition du 26ème au 25 ème siècle av. J.C., un fait révélé par les datations radiocarbone et le mobilier funéraire restreint. A l’intérieur, on a découvert les restes de 5 hommes, 4 femmes, 2 jeunes et d’un bébé âgé de quelques semaines, en majorité déposés sur le dos avec les jambes repliées, sans ordre particulier lié à l’âge ou au sexe. Les squelettes ont fait l’objet d’études basées sur l’anthropologie, la génétique moléculaire, la morphologie dentaire et la géochimie isotopique qui ont fourni une multitude de résultats: certains individus étaient unis par des rapports de parenté. En majorité, les hommes étaient d’origine locale, alors que les femmes avaient emménagé chez eux et y avaient donné naissance à leurs enfants. Les parallèles montrent que durant la culture cordée, il existe à l’intérieur d’un espace même restreint une variabilité de sépultures et de rites funéraires et que les traditions régionales et les spécificités locales revêtent une importance cruciale.

Sur la base des datations radiocarbones, on peut supposer que la sépulture a été utilisée entre 2550 et 2450 av. JC. Cette datation plaide en faveur d'une attribution culture à la Culture Cordée. Dans la mesure où aucune céramique n'a été trouvée parmi les 13 objets du mobilier funéraire, cette attribution ne peut être attestée incontestablement par les vestiges matériels. Les rares pièces du mobilier funéraires, en revanche, ne sont pas surprenantes en contexte Cordé, et des comparaisons avec d'autres sites de la même époque dans l'environnement proche de Spreitenbach rendent cette attribution culturelle probable. Le mobilier funéraire comprenait 13 objets dont 3 haches en pierre, 1 fusaïole décorée en céramique, 1 objet en bois de cerf (peut-être un bouton), 1 pointe de flèche.

A l'exception du nouveau-né et d'un des deux adolescents, il a été possible d'extraire de l'ADN mitochondrial pour tous les individus. Par contre l'extraction de l'ADN du chromosome Y a échoué pour les cinq hommes du groupe. Concernant l'ADN mitochondrial, les échantillons ont été testés sur leurs régions hypervariables: HVR1 et HVR2, ainsi que sur 22 SNPs de la région codante qui définissent la plupart des principaux haplogroupes. Les résultats sont les suivants:
2012 Warnberg Table 13

Tous les haplogroupes identifiés à Spreitenbach sont relativement courants et surtout répandus en Europe ainsi qu’au Proche-Orient où ils sont toujours présents actuellement. Trois échantillons H ont le même haplotype et sont reliés maternellement. Leur haplogroupe est H11a défini par les mutations 195, 16311 et 16293. Deux échantillons J ont également le même haplotype et sont reliés maternellement. Ainsi l'individu 18/13 pourrait être la mère de l'individu 1. De même l'individu 8 pourrait être la mère des deux individus 9 et 15/4. Ces relations sont résumés dans le graphe ci-dessous:
2012 Doppler Figure

Les hommes sont représentés par des carrés alors que les femmes sont représentés par des cercles.

Un modèle de résidence patrilocal voire patrilinéaire se dessine. Dans les sociétés patrilinéaires, ce sont le plus souvent les femmes qui quittent leur groupe familial pour s'intégrer à celui de leur mari. La jeune famille vit dans la résidence du mari, ce qui signifie que la femme suit son partenaire dans son lieu de résidence. A Spreitenbach, les seuls individus étrangers attestés par l'analyse isotopique sont deux femmes (individus 3 et 18/13), tandis que les hommes plus âgés et les deux adolescents ne fournissent aucun indice d'une origine allochtone.