Esther J. Lee vient de publier un nouveau papier concernant des tests d'ADN mitochondrial sur des squelettes de la culture de Rössen en Europe Centrale: Ancient DNA insights from the Middle Neolithic in Germany.

Plusieurs événements démographiques sont supposés avoir eu lieu depuis le début du néolithique. En Europe Centrale, les premiers fermiers sont représentés par la culture rubanée (LBK) entre 5500 et 4900 av. JC. Après cette transition vers une économie agricole, des sociétés régionalisées sont apparues comme la culture de Rössen entre 4500 et 4200 av. JC. Cette dernière a été identifiée du nord de la Suisse au nord de la France en passant par l'Allemagne et l'Autriche:
2013 Lee Figure 1

Ces sociétés sont caractérisées par une poterie décorée avec des doubles incisions et une incrustations de pâte blanche, ainsi que par des inhumations en position accroupie selon une direction sud-nord distinctes des inhumations LBK.

Les précédentes études génétiques sur des squelettes de la région ont montré une rupture entre les chasseurs-cueilleurs et les premiers fermiers due à une migration issue du Proche-Orient. Une étude récente a montré la coexistence des sociétés de chasseurs-cueilleurs et de fermiers pendant 2000 ans dans la région. Il a également été proposé une continuité génétique entre le néolithique ancien et le néolithique moyen en Europe Centrale. Dans ce contexte, cette étude se focalise sur le site du néolithique moyen de Wittmar en Allemagne.

51 tombes ont été découvertes en 1976 à Wittmar, dont 36 sont associées à la culture de Rössen, 14 à la culture rubanée LBK et 1 à la culture décorée au poinçon ou SBK, intermédiaire entre la culture LBK et la culture de Rössen, entre 4900 et 4500 av. JC. Les fouilles suggèrent que les tombes de la culture de Rössen s'organisent autour des tombes de la culture LBK impliquant une continuité archéologique entre ces cultures. Parmi ces tombes, 34 individus ont été testés sur les régions HVR1 et HVR2 de leur ADN mitochondrial. Six échantillons ont donné des résultats fiables, tous associés à la culture de Rössen:
2013 Lee Table 2

4 haplogroupes ont été identifiés: HV0, H5, U5b et K. Tous les haplotypes ont déjà été identifiés dans des tests d'ADN ancien précédents dont 5 (HV0, H5 et K) dans la culture de Rössen. 3 échantillons ont le même haplotype HV0. De façon intéressante, les 3 échantillons HV0 appartiennent à des phases distinctes de la culture de Rössen.

Une analyse détaillée de la distribution des tombes du site de Wittmar suggère une volonté d'enterrer les morts de la culture de Rössen autour du cimetière de la culture LBK, ce qui implique un respect des morts d'une autre culture:
2013 Lee Figure 2

Les tombes de la culture LBK à Wittmar, sont supposées former une famille nucléaire: deux parents et un enfant.

La présence des haplogroupes H/HV0 et U à Wittmar confirment l'importance de ces deux lignages issus des premiers fermiers et des chasseurs-cueilleurs. Le partage de lignage (HV0, K) entre les cultures LBK et de Rössen suggère une continuité génétique directe entre ces cultures. Cependant, la découverte de céramique mésolithique dans des contextes de la culture de Rössen suggère le lien possible entre ces deux cultures symbolisé également par l'haplotype U5b. Ainsi un scénario semble émergé qui voit la coexistence des premiers fermiers avec les chasseurs cueilleurs au début du néolithique.