Iñigo Olalde vient de publier un papier sur le génome complet d'un chasseur-cueilleur mésolithique du site de La Braña en Espagne: Derived immune and ancestral pigmentation alleles in a 7,000-year-old Mesolithic European.

Le site de La Braña-Arintero en Espagne a été découvert en 2006 lorsque les squelettes de deux individus ont été mis à jour dans un système de grottes situées 1500 m au-dessus du niveau de la mer dans les montagnes cantabriques. Ils sont datés entre 7940 et 7690 années. De l'ADN a été extrait d'une dent du premier squelette et a permis de retrouver son génome complet avec une couverture de 3,4. Des résultats préliminaires sur l'ADN de ces deux squelettes avaient été présentés en 2012.

Une analyse en composantes principales a été réalisée afin de comparer le génome du squelette de La Braña avec les populations européennes actuelles et le génome de chasseurs-cueilleurs de Scandinavie, d'un fermier scandinave et de Ötzi:
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Ainsi le mésolithique diverge des européens actuels, mais se positionne à côté des européens du nord, alors que les individus néolithiques se positionnent à côté des européens du sud.

Ensuite le chasseur-cueilleur espagnol a été comparé avec le génome du squelette paléolithique du site de Mal'ta près du lac Baïkal en Sibérie du sud. Ainsi le squelette de Mal'ta est plus proche du mésolithique de La Braña que des asiatiques et européens actuels. Ces résultats se rapprochent des artéfacts archéologiques représentant des figurines anthropomorphes appelées Vénus découvertes dans plusieurs sites européens et sibériens dont le site de Mal'ta.

Le taux d'hétérozygocité du squelette de La Braña est plus faible que celui des populations actuelles indiquant ainsi une réduction de la population mésolithique.

Le chasseur-cueilleur espagnol ne pouvait pas digérer le lait. Il avait la peau sombre et les cheveux foncés, mais il avait les yeux bleus. Ces résultats se rapprochent de ceux obtenus pour le mésolithique de Loschbour au Luxembourg. Ainsi la diffusion des yeux clairs en Europe est plus ancienne que la diffusion de la peau claire. Enfin le squelette de La Braña avait les défenses immunitaires nécessaires pour bien résister aux infections bactériologiques.
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Concernant l'ADN du chromosome Y, le squelette de La Braña appartient à l'haplogroupe C, puisqu'il est positif pour les SNPs suivants: M130, M216, P255, P260, V183, V199 et V232 (voir l'arbre C sur le site de l'ISOGG). La seule sous-clade pour laquelle il est positif pour un SNP est C6 (maintenant C1a2) bien qu'il ne soit positif que pour V20, mais négatif pour V86, V182 et V184. Ces résultats devront donc être confirmés. Ils sont néanmoins cohérents puisque C-V20 est la seule clade européenne de l'haplogroupe C. Curieusement C-V20 est une clade sœur de C-M8 qui est une clade exclusivement japonaise. Il est ainsi probable que ce vieil haplogroupe soit entré en Europe avec les premiers chasseurs-cueilleurs de la culture aurignacienne il y a 40.000 ans.