Mark Lipson vient de publier un papier intitulé: Reconstructing Austronesian population history in Island Southeast Asia.

L'histoire des Austronésiens pointe leur origine à Taïwan selon les découvertes archéologiques (poteries rouges, néphrite de Taïwan). Cependant des auteurs ont mis en avant une diffusion culturelle plus que démographique. De plus l'archéologie n'explique pas la différence linguistique entre les îles de l'ouest et les îles du centre et de l'est. La génétique peut apporter des données complémentaires de l'archéologie et la linguistique. Dans cette étude, les auteurs ont séquencé le génome de divers échantillons issus d'individus austronésiens comparés à des populations répartis sur la terre entière.

Un arbre a été construit à partir de 18 populations chinoises, thaïlandaises, sud-américaines, papoues et africaines, indépendantes les unes des autres:
2014 Lipson Figure 1a

A partir de cet arbre, les auteurs ont obtenu des résultats fiables de mélanges pour 25 populations austronésiennes différentes:
2014 Lipson Figure 2

Toutes les populations austronésiennes sont le résultats de mélange de 2 ou 3 populations à partir de 4 populations source identifiées: une population mélanésienne proche des papous, une population negrito, une population austronésienne issue de Taïwan et une population austro-asiatique proche des H'tin de Thaïlande. 14 populations sont le mélange de seulement 2 populations: 8 des Philippines (austronésiens et negritos), 4 de l'est de l'Indonésie et 2 d'Océanie (austronésiens et mélanésiens). Les autres populations sont le mélange de 3 populations (austronésiens, negritos et austro-asiatique). La part d'ascendance austronésienne varie de 30 à 90% selon les groupes, et la part d'ascendance austro-asiatique varie de 10 à 60%. On n'a pas retrouvé d'ascendance austronésienne dans les groupes continentaux ne parlant pas l'austronésien. L'estimation des dates de mélanges génétiques pour les populations des Philippines, de l'est de l'Indonésie et d'Océanie, est entre 900 et 1800 ans. Cette date est beaucoup plus récente que la date d'expansion austronésienne documentée par l'archéologie, et doit refléter probablement plusieurs vagues de migration en provenance d'Asie faisant suite à la migration austronésienne initiale en provenance de Taïwan. L'estimation de la date de mélange des populations de l'ouest des îles donne une valeur proche de 2200 ans. Ici encore cette date correspond à l'arrivée de la dernière vague migratrice et non pas de la première.