Anahit Hovhannisyan vient de publier un papier intitulé: Different waves and directions of Neolithic migrations in the Armenian Highland.

Récemment, il a été proposé que les haplogroupes du chromosome Y suivants ont été impliqués dans les migrations néolithiques à partir du croissant fertile: E1b, J2, G et R1b. Ainsi l'haplogroupe R1b qui est le plus fréquent en Europe Occidentale est sujet à de nombreux débats entre les partisans de sa présence en Europe occidentale au paléolithique et les partisans de son arrivée en Europe occidentale seulement au néolithique. Inversement les haplogroupes G et J2 sont largement distribués au Caucase, au Proche-Orient et en Europe du sud, avec leur plus haute fréquence dans le Caucase.

L'objectif de cette étude est d'étudier l'influence de l'Arménie dans ces différentes migrations néolithiques. Pour cela les auteurs ont testé l'ADN du chromosome Y de 757 individus mâle dans différentes régions distinctes des hauteurs d'Arménie. Des résultats d'études précédentes comprenant 413 échantillons ont été joints à ce travail:
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Les fréquences des différents haplogroupes du chromosome Y sont les suivants:
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L'haplogroupe R1b est le plus fréquent pour toutes les populations sauf les Sasun pour lesquels l'haplogroupe T est le plus fréquent. Les autres haplogroupes les plus fréquents sont J2 et G.

Una Analyse en Composantes Principales a été effectuée. Celle-ci sépare les populations du Proche-Orient et de l'est de l'Europe des populations du nord du Caucase d'une part et des populations d'Europe occidentale d'autre part:
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Les populations d'Arménie se regroupent avec les populations du Proche-Orient et de l'est de l'Europe. Les populations d'Europe occidentale sont reliées principalement à l'haplogroupe R1b, les populations du nord du Caucase sont reliées à l'haplogroupe G, et les populations du Proche-Orient sont reliées à l'haplogroupe J2.

La fréquence de l'haplogroupe R1b montre un gradient continu entre le Liban (7%) et l'Irlande (82%). Cet haplogroupe est également fréquent en Arménie. Au contraire, la variance de l'haplogroupe R1b décroit du Proche-Orient vers le nord-ouest, mais aussi vers le nord-est. En fait l'analyse des distances génétiques montre 2 groupes distincts à l'intérieur de l'haplogroupe R1b. Le premier est situé en Europe et le second au Proche-Orient.
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La fréquence de l'haplogroupe J2 est maximale dans le Caucase et au Proche-Orient. Sa variance est maximale au Levant. La fréquence de l'haplogroupe G est maximale dans le Caucase, alors que sa variance est maximale au Levant et en Arménie.

Ces observations indiquent clairement des directions de migrations pour ces différents haplogroupes. L'haplogroupe R1b a ses origines dans la partie occidentale de l'Arménie et se déplace vers l'Europe occidentale. L'haplogroupe G a ses origines au Levant et se dirige vers le Caucase. Enfin l'haplogroupe J2 montre un double mouvement vers l'Europe de l'est et le nord du Caucase. Ces mouvements peuvent être résumés dans la figure ci-dessous:
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On peut regretter que cette étude ne prenne pas en compte les derniers résultats des tests d'ADN ancien. En effet ceux-ci montrent clairement que le mouvement néolithique en Europe a été accompagné par une migration de l'haplogroupe G jusqu'en Europe occidentale en suivant deux routes: une maritime et une continentale. De plus l'haplogroupe R1b ne semble pas arriver en Europe avant la fin du néolithique ou au chalcolithique en suivant probablement les mêmes routes que l'haplgroupe G, mais plusieurs millénaires après.