L'origine de la population des îles Andaman a été considérée distincte de celle des autres populations Asiatiques à cause de leur morphologie spécifique (Négrito) et leur langue inclassable. Il a été suggéré que cette population est une relique vivante d'une première sortie d'Afrique des hommes modernes. Une origine commune pour les populations Andamanaises et autres Négritos, les Mélanésiens et les Aborigènes Australiens a été proposée. De plus des études génétiques précédentes ont proposé que les populations Andamanaises étaient à l'origine de l'une des deux ascendances: Ancestral South Asia (ASI) des populations Indiennes actuelles.

Mayukh Mondal et ses collègues viennent de publier un papier intitulé: Genomic analysis of Andamanese provides insights into ancient human migration into Asia and adaptation. Ils ont séquencé le génome de 70 individus d'Inde dont 10 des populations Jarawa et Onge des îles Andaman:
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La population des îles Andaman est peu nombreuse et montre un taux élevé d'endogamie avec de longs segments d'homozygosité. Une Analyse en Composantes Principales montre que la population des îles Andaman se regroupe à part des autres populations:
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La première composante sépare les Européens (en rose à gauche) des Est Asiatiques (en jaune en haut à droite), alors que la seconde composante sépare les populations des îles Andaman (en vert en bas à droite) des autres populations.

Une analyse avec le logiciel ADMIXTURE confirme ce résultat pour un paramètre K=5:
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La figure ci-dessus met en évidence une ascendance Africaine (en noir), Européenne (en rouge), Est Asiatique (en bleu foncé), Sud-Asiatique (en bleu clair) et des îles Andaman (en vert). Ce résultat indique que l'ascendance spécifique aux îles Andaman (en vert) ne contribue pas aux deux ascendances Indiennes: ANI (en rouge) et ASI (en bleu clair).

Les auteurs ont ensuite utilisé la statistique D et ont montré que les Andamanais partagent plus d'allèles avec toutes les populations non Africaines qu'avec les populations Sub-Sahariennes. De plus le logiciel TreeMix montre que les populations Sub-Sahariennes (SAN, MBT, MAD et YRI) forment un groupe à part de toutes les populations non Africaines:
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Enfin une analyse avec le logiciel MSMC montre que les Andamanais divergent plus tôt des Africains que des autres populations. Tous ces résultats suggèrent que les Andamanais partagent leur ascendance avec toutes les populations non Africaines indiquant ainsi une unique migration de l'homme moderne en dehors de l'Afrique.

De plus ces résultats montrent que les Andamanais partagent plus d'allèles avec les Est-Asiatiques, les Papous et les Indiens continentaux qu'avec les Européens.

L'analyse de la contribution des hommes de Néandertal avec les populations contemporaines suggère également une origine unique des Asiatiques dont les Andamanais qui possèdent un taux similaire entre 2 et 4% d'ADN de Néandertal. Cela indique que le métissage de l'homme moderne avec l'homme de Néandertal s'est effectué dès la sortie d'Afrique avant que les différentes populations non Africaines ne se séparent. A l'inverse, les Papous hébergent davantage d'ADN de l'homme de Denisova que les autres populations dont les Andamanais.

La statistique D montre également que les Andamanais, les Indiens continentaux et les Papous partagent moins d'allèles Africains que les Européens ou les Est Asiatiques, comme c'est également le cas pour les aborigènes d'Australie:
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Les auteurs expliquent ce résultat par un mélange génétique de ces populations avec une population archaïque (différentes des Neandertaliens et des Denisoviens) qui a divergé des homes modernes il y a au moins 300.000 ans.
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Les auteurs ont également émis l'hypothèse que la petite taille des Andamanais était due à la sélection à leur environnement. Ils ont ainsi montré qu'environ 1000 régions du génome des Andamanais montrent un signal significatif de réponse à la sélection naturelle. Parmi les gènes identifiés un certain nombre sont liés à la taille des individus, à l'obésité ou à la forme du corps. Cette sélection peut ainsi représenter une forme de nanisme insulaire bien connu pour des espèces animales.

Mise à jour

Pontus Skoglund et ses collèguent viennent de publier une réponse qui contredit les résultats obtenus par Mondal au sujet d'une contribution d'hommes archaïques différents des Neandertaliens et des Denisoviens chez les Sud Asiatiques: No evidence for unknown archaic ancestry in South Asia.

Ils ont essayé de répliquer ces résultats de statistique D à partir de génomes d'Asie du Sud issus du projet des 1000 génomes. Ils ne trouvent ainsi aucun excès d'ascendance d'hommes archaïques dans les échantillons Sud Asiatiques:
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D'autre part, ils ne trouvent pas non plus que les Aborigènes Australiens possèdent plus d'ascendance archaïques que les Papous de Nouvelle Guinée: D(chimpanzee, Yoruba; Dai, Australian) = -0.031 ± 0.003 et D(chimpanzee, Yoruba; Dai, Papuan) = -0.029 ± 0.003. Skoglund et ses collèguent trouvent que les aborigènes Australiens et les Papous de Nouvelle Guinée sont issus d'une population homogène.