Le Péloponnèse a été peuplé par une série de migrations depuis des millénaires. Les premiers fermiers du Néolithique ont quitté l'Anatolie pour s'installer dans la péninsule vers 9000 av. JC. Plus tard les Mycéniens ont développé une civilisation de l'Âge du Bronze importante. Le débat reste ouvert pour savoir s'ils sont arrivés du Nord vers 2200 av. JC ou s'ils ont émergé des sociétés Néolithiques locales. Au début du premier millénaire av. JC, les Doriens ont envahi le Péloponnèse. Les quatorze siècles suivants ont été marqués par des changements suite à des guerres ou à des épidémies. Durant la période Médiévale, la migration des Slaves dans les Balkans a pu influencer le Péloponnèse. L'importance de cette influence fait débat depuis 170 ans lorsque l'historien Allemand Jacob Philipp Fallmerayer a présenté une théorie dans laquelle il suppose que la totalité de la population du Péloponnèse a été remplacée par des Slaves.

George Stamatoyannopoulos et ses collègues viennent de publier un papier intitulé: Genetics of the peloponnesean populations and the theory of extinction of the medieval peloponnesean Greeks. Ils ont analysé le génome de 241 individus du Péloponnèse:
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Les auteurs ont réalisé une Analyse en Composantes Principales:
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Les habitants de la Tsakonie se situent dans la partie en haut à gauche, alors que ceux de la péninsule de Mani dans le sud du Péloponnèse se situent à droite. Tous les autres habitants du Péloponnèse se regroupent ensemble, dans le bas de la figure. Les Tsakoniens sont la population du Péloponnèse la plus éloignée des autres. De plus ils parlent un dialecte d'origine Dorienne qui n'est pas compris par les autres populations du Péloponnèse.

L'analyse avec le logiciel ADMIXTURE confirme que les habitants de Tsakonie et de Mani se situent à part:
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L'analyse des segments IBD (Identity by descent) confirme l'existence d'une structure génétique dans la population du Péloponnèse. Ainsi les Maniots partagent plus de segments entre eux qu'avec les autres populations, de même que les Tsakoniens.

Les auteurs ont ensuite comparé la population du Péloponnèse (en rouge ci-dessous) à d'autres populations Européennes:
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La figure ci-dessus montre que les habitants du Péloponnèse sont proches des Siciliens (triangles verts) et des Italiens (carrés violets, disques bleu clair et carré noirs). L'analyse par réseau ci-dessous indique également qu'ils sont par contre éloignés des Slaves:
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Les habitants du Péloponnèse sont connectés aux populations du Proche-Orient via les Crétois et les habitants du Dodécanèse.

Une Analyse en Composantes Principales spécifique avec les populations Slaves, montrent que les habitants du Péloponnèse en sont très éloignés:
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Ces résultats vont à l'encontre de l'hypothèse de Fallmerayer qui proposait que la population du Péloponnèse a été remplacée par des tribus Slaves à l'époque Médiévale. L'ascendance Slave dans cette population varie de 0 (ches les Maniots) à 15% (chez les Messéniens). Il est cependant clair que des tribus Slaves ont bien séjourné dans le Péloponnèse, mais ils devaient être peu nombreux et ont été assimilés par la population locale.