Les rives Nord des mers Noire et Caspienne ont joué un rôle important dans l'histoire de l'Eurasie. Durant le début des Âges des métaux, sa région occidentale a servi de frontière entre les cultures sédentaires de Cucuteni-Trypillia et Gumelniţa d'un côté et les nombreuses tribus pastorales des Steppes de l'autre. Cette région est également un candidat sérieux pour avoir abritées les populations Proto-Indo-Européennes. Les pasteurs de la culture de Srednij Stog entre 4750 et 4200 av. JC.sont les fondateurs probables de la culture des kourganes au début de l'Enéolithique. Au début de l'Âge du Bronze, la culture Yamnaya a étendu la répartition géographique des kourganes à l'ensemble de la région des Steppes Pontiques Nord entre 3200 et 2200 av. JC. Ces mêmes kourganes ont également été utilisés par les cultures suivantes des Catacombes (2700 à 2000 av. JC.) et de Babino (2250 à 1750 av. JC.). Beaucoup d'archéologues considèrent que l'origine des cultures des kourganes est locale avec des influences venues de l'Est et de l'Ouest.

En 2004, des fouilles de sauvetage ont eu lieu sur le tracé d'une future autoroute entre Kiev et Odessa. Une série de kourganes datés entre l'Enéolithique et l'Âge du fer ont été étudiés:
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Ils sont situés sur les sites de Dubinovo (D), Liubasha (L), Katarzhyno (K) et Revova (R) indiqués sur la figure ci-dessus. Le kourgane K1 à Katarzhyno, est un des plus hauts kourganes de la région avec une hauteur de 6,45 m. Quatre des cinq kourganes étudiés sont érigés sur d'anciennes structures Enéolithiques. La tombe Enéolithique de Revova est la plus ancienne de la région.

Alexey Nikitin et ses collègues viennent de publier un papier intitulé: Subdivisions of haplogroups U and C encompass mitochondrial DNA lineages of Eneolithic–Early Bronze Age Kurgan populations of western North Pontic steppe. Ils ont analysé l'ADN mitochondrial de 16 individus enterrés dans les cinq kourganes ci-dessus, datés entre l'Enéolithique et la culture de Babino. Les auteurs ont séquencé la région HVR1 ainsi que deux SNPs de la région codante pour identifier les haplogroupes H et U. Sur les 16 échantillons, 14 ont donné des résultats sur la région HVR1. Cependant un de ces 14 résultats est probablement contaminé:
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Les échantillons D1.11 et R3.16 ont été testés à l'allèle G à la position 12308 de la région codante, caractéristique de l'haplogroupe U. Cependant le séquençage de la région HVR1 a échoué et n'a donc pas permis de déterminer la sous-clade de U. L'échantillon K1.10 a été testé à l'allèle T à la position 7028 de la région codante, montrant que cet individu n'appartient pas à l'haplogroupe H. Cependant le test à la position 12308 n'a pas donné de résultat, échouant ainsi à savoir si cet individu appartient à l'haplogroupe U. De même le séquençage de la région HVR1 a échoué pour cet échantillon. Les individus L8 et L15 partagent le motif caractéristique de l'haplogroupe C4a2. L'échantillon L11 est le seul de la culture Babino à avoir donné des résultats. Il appartient à l'haplogroupe HV1. L'échantillon R3.19a appartient à l'haplogroupe U4. Tous les autres échantillons sont de l'haplogroupe U5.

Les auteurs ont ensuite réalisé une Analyse en Composantes Principales en comparant ces anciens individus avec d'autres anciens individus de différentes régions d'Eurasie. Pour les besoins de cette analyse, les individus de la culture Yamnaya ont été divisé en trois groupes: région Pontique de l'Ouest (YAW), région Pontique de l'Est (YAE) et région de l'Oural (YAU). De même les individus de la culture des Catacombes ont été divisés en deux groupes: Catacombes Ancien (CAE) et Catacombes Ingul (CAI):
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La figure ci-dessus montre que les individus de l'Enéolithique des Steppes (ENE), les individus Yamnaya de l'ouest de la région Pontique et les individus des Catacombes Ancien et Ingul se regroupent entre eux, mais aussi avec les populations Epipaléolithiques d'Europe (EPP), Mésolithiques d'Europe du Nord et Centrale (MNE et MCE), les individus de la culture de la céramique perforée (PWC) et les individus de Blätterhöhle (BFGF).

Enfin l'analyse des distances génétiques montrent qu'il y a peu de différences entre les différents groupes de la région Pontique entre l'Enéolithique et le Bronze Ancien.

Tous ces résultats pointent vers une continuité génétique dans les Steppes Pontiques entre l'Enéolithique et le Bronze Ancien, tout au moins du côté maternel. Cependant un motif spécifique d'origine Est Asiatique apparait dans la culture Yamnaya (haplogroupe C). Pourtant dans une étude précédente, un individu plus ancien de la culture Dnieper–Donets (5323 à 4941 av. JC.) a été identifié également de l'haplogroupe C4a2. Les deux individus Yamnaya de cette étude pourraient donc être des descendants de cet individu. Cette hypothèse est confortée par les analyses anthropologiques. Ces dernières relient également ces cultures des Steppes avec le Mésolithique d'Europe du Nord. Une étude précédente d'ADN mitochondrial a montré également la présence de l'haplogroupe C dans le Mésolithique du Nord de la Russie à Uznyi Oleno Ostrov en Carélie. Enfin l'haplogroupe U5 est très largement diffusé en Europe depuis le Mésolithique. Dans une moindre mesure, l'haplogroupe U4 est également présent en Europe au Mésolithique.