Le génome des populations actuelles d'Afrique du Nord suggère que cette population a hérité de quatre sources différentes génétiques: une composante autochtone reliée aux migrations de retour vers l'Afrique depuis le Proche-Orient datées d'environ 12.000 ans, une composante Moyen-Orientale reliée à la conquête Arabe, une composante Sub-Saharienne et une composante Européenne.
Rosa Fregel et ses collègues viennent de publier un papier intitulé: Neolithization of North Africa involved the migration of people from both the Levant and Europe. Ils ont séquencé le génome de 15 anciens individus du site Marocain du Néolithique Ancien de Ifri n'Amr or Moussa (IAM) daté d'environ 7000 ans, et du site Marocain du Néolithique Final de Kelif el Boroud (KEB) daté d'environ 5000 ans. Ils ont également séquencé le génome de 13 individus du Néolithique Ancien d'Andalousie des sites de El Toro (TOR) et Los Botijos (BOT) vieux de 7000 ans également (symboles noirs ci-dessous):
Des résultats d'ADN mitochondrial ont été obtenus pour 19 individus:
Les individus du site du Néolithique Ancien du Maroc appartiennent aux haplogroupes U6 et M1, alors que ceux du Néolithique Final appartiennent aux haplogroupes: K1a, X2b et T2b reliés au Néolithique du Proche-Orient et d'Europe.
Six hommes ont été identifiés parmi les échantillons: deux sur chacun des sites de Ifri n'Amr or Moussa, Kelif el Boroud et El Toro. Les deux hommes du Néolithique Ancien Marocain sont E1b-M35, un homme du Néolithique Final du Maroc est T1a-M70 et un homme du Néolithique Ancien Andalous est G2a-Z39334.
Tous ces résultats uni-parentaux suggèrent un remplacement de population entre le Néolithique Ancien et le Néolithique Final au Maroc.
Les auteurs ont ensuite réalisé une Analyse en Composantes Principales:
De manière intéressante, les individus du Néolithique Ancien du Maroc (disques noirs en haut à droite ci-dessus) se situent à part de tous les autres anciens individus préalablement publiés (notamment les Néolithiques du Proche-Orient ou d'Europe), et sont par contre proches des populations actuelles d'Afrique du Nord. Les individus du Néolithique Ancien Andalous se regroupent avec les Néolithiques Européens (triangles jaunes), proches des Néolithiques d'Anatolie (triangles verts). Enfin les individus du Néolithique Final du Maroc se trouvent à mi chemin entre les Néolithiques Ancien du Maroc et les Néolithiques Anciens Européens.
Les auteurs ont ensuite réalisé une analyse avec le logiciel ADMIXTURE. Dans la figure ci-dessous les anciens individus sont à gauche et les populations actuelles à droite:
Les anciens individus du Néolithique Ancien Marocain possèdent leur propre composante (jaune pâle). On retrouve également cette composante chez les anciens individus du Levant et les populations actuelles du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord pour les faibles valeurs de K. Pour K=6, on retrouve cette composante essentiellement chez les populations actuelles d'Afrique du Nord avec un gradient Ouest-Est. Les individus du Néolithique Final du Maroc ont deux composantes principales issues du Néolithique Ancien Marocain et du Néolithique Ancien Européen. Pour K=8, une composante spécifique du Néolithique Espagnol apparait chez ces individus du Néolithique Final Marocain. Ce dernier résultat suggère une migration de la péninsule Ibérique vers le Maroc durant le Néolithique.
La statistique f3 montre que les individus du Néolithique Ancien Marocain partagent plus d'affinité génétique avec les anciennes populations Mésolithiques et Néolithiques du Levant, alors que les populations du Néolithique Final Marocain partagent leur affinité génétique entre les individus du Néolithique Ancien Marocain et les individus du Néolithique Ancien Ibérique, suggérant ainsi que le Néolithique Final du Maroc est issu d'un mélange génétique entre la population locale et des fermiers Espagnols.
L'analyse des traits phénotypiques montre que les individus du Néolithique Ancien du Maroc avaient la peau et les yeux sombres. Cependant les individus du Néolithique Final Marocain avaient la peau et les yeux d'une couleur plus claire.
Mise à jour
Si les auteurs ne comparent pas les anciens individus du Maroc avec les populations Sub-Sahariennes dans le texte principal de leur publication, ils le font dans leurs données supplémentaires.
Voici l'Analyse en Composantes Principales avec les populations Bantoues et Yorubas (en marron):
Les anciens Marocains se situent beaucoup plus proche des populations actuelles du Proche-Orient que des populations actuelles Sub-Sahariennes.
Voici l'analyse avec le logiciel ADMIXTURE incluant les populations Bantoues et Yorubas:
Pour K=2, l'analyse sépare les populations Sub-Sahariennes (en rouge) des populations Eurasiennes (en vert). Les anciens Marocains du Néolithique Ancien montrent un peu plus de composante Sub-Saharienne que les Mozabites actuels. Pour une valeur de K supérieure ou égale à 4, les anciens Marocains (IAM et KEB) ne partagent pas d'ascendance Sub-Saharienne (en rouge).
La statistique f3 montre également que les populations du Néolithique Ancien du Maroc (IAM) ont beaucoup d'affinité génétique avec les anciennes populations du Levant et très peu avec l'ancien Éthiopien Mota:
Ces résultats sont confirmés par la statistique f4 qui indique bien que les anciens Marocains du Néolithique Ancien sont originaire principalement du Levant et non pas d'Afrique Sub-Saharienne. En effet la table ci-dessous qui compare les échantillons IAM avec d'un côté les populations du Levant et de l'autre des populations d'Afrique Sub-Saharienne, montre que les valeurs de Z obtenues sont toutes très élevées:
Seconde mise à jour
Ce papier a été définitvement publié en juin 2018 dans la revue pnas: Ancient genomes from North Africa evidence prehistoric migrations to the Maghreb from both the Levant and Europe. De manière intéressante, les auteurs ont intégré dans cette nouvelle version les échantillons anciens Africains préalablement publiés. Ainsi la PCA montre la position des Néolitiques Ancien du Maroc (disques noirs) et les Néolithiques récents du Maroc (cercles noirs avec une croix) par rapport aux Ibéromaurusiens (triangles noirs), aux Guanches des îles Canaries (losanges noirs vides) et aux Néolithiques Anciens du sud de l'Espagne (carrés noirs avec une croix):
Une autre PCA montre ces anciens individus Nord Africains par rapport aux anciens individus Sub-Sahariens:
La figure ci-dessus montre que les Africains Sub-Sahariens se répartissent sur un triangle dont le sommet inférieur correspond aux Africains du Sud, le sommet en haut à droite aux Ouest Africains et le sommet en haut à gauche aux Est Africains. De manière intéressante les anciens Nord Africains se situent à proximité des Est Africains.
14 réactions
1 De Méridien - 29/09/2017, 21:16
Qu'en est-il de l'influence sub-saharienne chez les échantillons IAM et KEB ?. A t'on fait une analyse de la statistique f3 pour voir la distance de ces deux échantillons par rapport aux sub-sahariens et la distance des nord-africains modernes par rapport aux sub-sahariens ?
J'imagine qu'ils devaient être plus éloigner des sub-sahariens que ne le sont les maghrébins modernes.
Autres fait intéressant, d'après la première carte de la péninsule ibérique (carte A) les WHG (losange gris) sont relégués à l'ouest de celle-ci dans les Asturies.
Ils n'ont donc pas migré en Afrique du nord avec les fermiers anciens. Leur résurgence chez les ibériques modernes est donc bien postérieure dans le temps.
2 De rainetto - 30/09/2017, 22:39
Salutations Méridien.
""Qu'en est-il de l'influence sub-saharienne chez les échantillons IAM et KEB ?""
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En effet, dans cette étude ils ont pris ce parti étrange de complétement oblitérer toute forme d’ascendance subsaharienne, en ne l'étudiant même pas, et allant même jusqu'à ne pas prendre en compte une composante ASS dans leurs admixtures ! Comme pour l'étude sur les Libanais, c'est un parti pris, un postulat complétement arbitraire, qui mènent forcement à des conclusions fausses au niveau de leurs interprétations des APC. Ici pour une étude sur les Nord-Africains, lorsque l'on sait la distances des ASS par rapport à toutes les composantes eurasiennes de l'ouest qui sont prises ici en compte (toutes les composantes ici prise en compte sont eurasiennes de l'ouest et apparentées entre elles, relativement à la distance génétique qui les séparent de l'ASS), et du biais statistique énorme que cela provoque sur les analyses diverses, on peut dire que ça relève simplement d'un manque de sérieux consternant de la part des auteurs.
Lorsqu'ils concluent que la première population néolithique du Maroc (IAM) est fort différente des autres populations anciennes ou modernes d'Eurasie de l'Ouest sur les APC, mais qu'elles ont malgré tout une forte affinité avec Levant N et les Natoufiens en admixture, et qu'en plus cette ancienne population se trouve proche des Magrébins modernes sur les APC, ils ne comprennent évidement pas ce qu'ils ont devant leurs yeux !
L'explication est pourtant très simple est claire comme de l'eau de roche avec toutes les donnés dont on dispose :
Cette première population néolithique du Maroc (IAM) est simplement le résultat d'un mélange entre les Levantins néolithiques (et peut être aussi d'autres choses d’apparentés comme les Natoufiens et les Anatoliens néolithiques) et une part d'ASS, en proportion similaire à celle qu'on trouve dans les Magrébins modernes. Mais les vagues d'agriculteurs néolithiques (dépourvus de mélange ASS) ne se sont pas arrêtés là en Afrique du Nord, elles ont continué tout au long du Néolithique et du Chalcolithique, provenant aussi bien du Sahara (encore des Levant N qui peuplaient le Sahara, puis Levant Chalc plus tard encore) que d'Europe du Sud (EEF issu des Anatoliens N), pour aboutir à la population marocaine du Néolithique final (KEB) qui a nettement moins de mélange ASS que les IAM précédents et que les Magrébins modernes. (Et ce n'est pas fini, car à ce stade, KEB, ils n'ont peut être pas encore reçu la vague du Chalcolithique détectée dans les Égyptiens anciens et les Magrébins modernes).
En clair, ce qui fait varier fortement l'emplacement des échantillons sur cet APC c'est simplement le taux d'ASS qui varie fortement. Sans prendre en compte l'ASS dans les admixtures il est difficile de savoir ensuite qu'elle est la part exacte des néolithiques du Sahara (Issus de Levant N) et d'Europe du Sud (EEF issus des Anatoliens N) dans l'introgression observée entre IAM et KEB.
Pour la population KEB qui a remplacé IAM, je pense très approximativement que c'est un mélange d'une nouvelle vague saharienne (issue de Levant N), avec une part plus faible d'EEF (Europe du sud), et un peu de restant des IAM précédents. Le principal changement qui résulte de ce remplacement est la forte baisse du taux d'ASS. La première vague néolithique au Magreb (IAM) n'a donc été qu'une vaguelette de précurseurs, métissé d'ASS, et sans suite, remplacée par d'autres vagues néolithiques plus tardives, ayant globalement les mêmes origines (Levantins par le Sahara et EEF par la Méditerranée), mais avec un très faible taux d'ASS.
Les Magrébins modernes sont issus de la seconde vague (ou éventuellement d''autres vagues plus tardives non échantillonnées ici), mélangée assez récemment (à partir du Moyen-Age) avec un nouveau taux d'ASS plus ou moins important (encore hétérogène), ce qui les ramène forcément non loin de IAM sur les graphiques .
3 De Méridien - 01/10/2017, 16:44
Bonjour Rainetto,
N'ayant pas les compétences pour me pencher sur comment les APC et les calculatrices en composant fonctionnent techniquement, mes interprétations ne peuvent être que spéculatives.
Mais je me demandais si IAM n'a,en fait, aucun mélange SSA et qu'il s'en rapproche car il est issu d'une population de type Natoufienne avec un certain mélange Mechta Afalou ou quelque chose de proche, dont les africains modernes portent un héritage plus ou moins grand.
Cette population aurait d'abord quitté le Levant très tôt vers le mésolithique (avant -6000) pour l'Afrique du nord , elle aurait ramassé quelques gènes afalou puis aurait migré à travers le Sahara vert (les dates correspondent) jusqu'en Afrique sub-saharienne entre peut-être -6000 et -3000.
Dans mon hypothèse, IAM aurait exactement la même subtilité en composant que la population qui aurait influencé les sub-sahariens, c'est pourquoi on retrouve cette pseudo affinité SSA chez lui.
Cela renvoie au débat que j'avais avec Liganol sur qui des africains ou des eurasiens a influencé l'autre à travers de l'haplogroupe E.
KEB et les maghrébins ultérieurs (pas les modernes) n'ont pas cette pseudo affinité SSA parce qu'ils ont un héritage plus important de type Levant N et fermiers néolithiques qui n'a pas contribué aux sub-sahariens.
Dans un autre cas, mais il faudrait remonter encore plus loin dans le temps, une population plus Eurasienne basale que les Natoufiens se trouvant en Afrique du Nord et dont IAM en serait issu aurait contribué à l'héritage des africains sub-sahariens. Ce qui voudrait dire que les natoufiens sont issus de cette population eurasienne basale nord africaine ou qu'ils ont reçu un certain taux non-eurasien basal de type ANE par exemple.
4 De Bernard - 02/10/2017, 11:48
Pour la comparaison des anciens Marocains avec les populations Sub-Sahariennes, voir ma mise à jour de mon article.
5 De rainetto - 02/10/2017, 15:43
Merci @Bernard pour ces infos supplémentaires.
Elles renforcent mon point de vue sur les taux d'ASS.
D'après l'APC plus globale et les admixtures, je vois que IAM a bel est bien une ascendance africaine très notable (à K=2 en admixture, car aux K supérieurs ce sont les autres composantes proche-orientales (une sauce théorique), notamment celles qu'on trouve dans les Bédouins, qui ont de l’ascendance africaine, qui l'absorbent de manière très imprécise)
On peut voir sur les APC les populations qui ont plus ou moins d'ascendance africaine subsaharienne. Dans l'ordre croissant:
IAM > Mozabite > Bedouin > KEB-Palestinian > Druze > Europe(dont les néolithiques européens).
Avec tout ça (en prenant en compte les donnés nettement plus précises d'autres études) je peux estimer que IAM a environ 30% d'ASS, alors que KEB en a environ 10% (à peu près comme les Palestiniens modernes qui en ont 4 à 15%). TOR et BOT en ont prés de 0%.
Les stats f3 sont normales, IAM a plus de deux tiers de son ascendance qui vient du Proche-Orient ancien (contre moins d'un tiers qui vient d'Afrique subsaharienne). Le Sahara était entièrement vert à l'époque de IAM, et les Levantins N qui le peuplaient étaient essentiellement des pasteurs nomades.
IAM est donc simplement un mélange du Proche Orient ancien (Levant N et Natoufiens, apparentés à Anatoliens N et aux Européens ce qui ressort dans les stats f3), en part majoritaire, et d'une composante africaine subsaharienne ancienne, en part minoritaire mais très significative (près de 30%).
Étant donné la très forte distance génétique des Africains vis à vis de toutes les composantes eurasiennes occidentales prises en comptes dans les APC, la composante africaine subsaharienne, même si elle n'est pas majoritaire, est le facteur principal pour expliquer la place des échantillons sur les APC de cette étude. (Il suffit de prendre n'importe quelle population du Proche-Orient ancien ou d'Europe et de la saupoudrer d'un mélange d'ASS pour qu'elle se retrouve dans les environs de IAM dans les APC.), Cette prise en compte ouvre d'autres perceptives plus complexes pour les origines de KEB.
6 De raintto - 02/10/2017, 16:06
@Meridien
C'est une possibilité mais faible. IAM est une population néolithique, issue des migrations néolithiques du Sahara bien attestées archéologiquement. IAM est donc plus probablement issu d'un simple mélange de Levant N et d'une ancienne population ASS (avec aussi peut être des résidus Capsiens issus précédemment des Natoufiens). Ils se comportent dans les analyses exactement comme les Magrébins modernes (Mozabite) qui ont un mélange récent d'ASS plus ou moins important sur une base du Proche Orient ancien. Les quelques génomes de l’Égypte ancienne dont on dispose montrent que cette vague de Levant N qui a peuplé le Sahara est bel est bien passée par l’Égypte. Ce mélange Levant N et Natoufien a aussi été trouvé comme étant le plus parcimonieux pour l’ascendance eurasienne post-néolithique en Afrique de l'Est (jusqu'en Tanzanie).
Je crois en la possibilité de mélanges eurasiens anciens en Afrique, mais pour moi il est évident que IAM n'en est pas issu ou peu, il est essentiellement issu de la vague du Néolithique, de Levant N.
Ils serait intéressant de comparer génétiquement IAM aux actuels Peuls (un peuple de pasteurs qui a conservé un mode de vie très néolithique, très proche de celui du Sahara vert), qui pourraient être issus en partie du même mélange.
7 De raientto - 02/10/2017, 18:35
petite correction :
dans le com n°5, j'ai marqué "ordre croissant" alors que les les est mis dans l'ordre décroissant.
8 De Méridien - 02/10/2017, 21:04
@ Rainetto
En voyant l'APC, il semble évident que IAM a une certaine influence ASS, c'est ce qu'on se dit en le voyant.
Dans cette configuration cela voudrait dire que la population ancestrale de IAM vivait au Sahara vert et a absorbé une quantité de gènes sub-sahariens avant de remonter plus haut dans l'actuel Maroc.
Il me semble que Levant N date de -6000 et a une assez grosse part de composant EEF. Or ce composant semble moins présent chez IAM. La statistique F3 montre qu'il est plus proche des natoufiens que de Levant N, ça conforte un peu ce que je disais plus haut.
Elle montre aussi que KEB (qui est censé avoir moins de ASS) n'est pas plus éloigné des africains que ne l'est IAM.
Le mélange Natoufien/ Levant N est parcimonieux chez les africains de l'est de l'âge du bronze parce que leur héritage eurasien est contemporain de cette époque, on retrouve,donc chez eux, un composant levantin chalcolithique.
Il aurait pu en être autrement des africains de l'ouest qui auraient hérité d'un mélange plus natoufien.
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9 De rainetto - 04/10/2017, 00:01
"Elle montre aussi que KEB (qui est censé avoir moins de ASS) n'est pas plus éloigné des africains que ne l'est IAM."
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Sur l'APC et les admixtures, KEB est bien plus éloigné des Africains subsahariens que ne l'est IAM. Il est à peu près au même endroit que les Levantins modernes (Palestiniens), soit bien moins de mélange ASS que IAM. Alors que IAM est encore un peu plus proche des Africains que le sont les Magrébins modernes.
Dans les stats f3 ils ont utilisé Mota, un africain de l'Est, probablement très éloignée génétiquement de la source d'ASS dans IAM et KEB, qui est sans doute plutôt d'Afrique de l'Ouest.
""la population ancestrale de IAM vivait au Sahara vert et a absorbé une quantité de gènes sub-sahariens avant de remonter plus haut dans l'actuel Maroc.""
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Oui je pense aussi que c'est cela qui s'est produit pour le cas de IAM. Les Peuls constituent une trace actuelle au sud du Sahara de ce type d'événements du Néolithique. Le Sahara était peuplé de nombreux groupes au Néolithique: de nombreux groupes blancs du Levant, des groupes noirs, et des populations plus ou moins mélangés. IAM est issu d'un de ces groupes saharien qui a ensuite peuplé le Maghreb.
""La statistique F3 montre qu'il est plus proche des natoufiens que de Levant N, ça conforte un peu ce que je disais plus haut.""
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Un mélange de Levant N (qui très proches des Natoufiens) avec des Natoufiens (Capsiens de la vague antérieure), est sans doute l'explication. Mais le mélange ASS dans IAM peut aussi parasiter ces résultats si ces ASS ont préalablement un mélange "proto-natoufien" ou "Eurasien basique". Bref, sans échantillon ancien de l'Afrique subsaharienne, il est vraiment difficile de faire la part entre Levant N et les Natoufiens dans le génome des populations d'Afrique comme IAM.
Il y a une remarque importante à faire à propos du mélange néolithique européen qu'on trouve dans KEB : il est très probablement lié à l’expansion de la civilisation mégalithique de l'Atlantique européen au Maghreb. Il y a de nombreux mégalithes et des tumulus de culture mégalithique au Maghreb et jusque dans dans le Sahara.
En effet, en Europe, du Portugal à la Suède, et de l'Irlande à la Sardaigne, cette civilisation mégalithique était génétiquement entièrement EEF (avec des nuances).
TOR et BOT sont des échantillons un peu antérieurs à l'apparition de cette civilisation mégalithique, mais ils représentent les EFF qui ont peuplé toute l'Europe de façon très homogène durant le Néolithique, issus du mouvement Cardial (et du Mouvement Rubané en Europe centrale), et qui ont ensuite engendré la civilisation mégalithique en Europe atlantique et méditerranéenne. Cette culture mégalithique s'est aussi répandue en de nombreux endroits dans le Bassin méditerranéen, notamment en Sardaigne et au Maghreb, on en trouve également des foyers notables jusqu'en Syrie et au Sinaï en Égypte. C'était une civilisation qui maitrisait exceptionnellement bien la navigation côtière, beaucoup de leurs établissements sont situés non loin des côtes (bien avant eux les premiers EEF européens du mouvement Cardial maitrisaient déjà très bien la navigation et avaient peuplé l'Europe du Sud en arrivant par ce moyen). Ils se sont également répandu au Nord jusque dans les iles de la mer Baltique, en Irlande et même dans les Orcades au nord de l’Écosse (il y a eu un important foyer mégalithique dans les Orcades, dont on a des génome qui sont EFF là bas aussi, comme en Espagne, en Suède, en Irlande et en Sardaigne). Le foyer de naissance du mégalithisme atlanto-méditerranéen semble être la péninsule ibérique et/ou l'ouest de la France.
A l'époque de KEB il y avait donc une véritable unité civilisationnelle mégalithique des Orcades au Maghreb et à la Syrie, liée par un intense commerce maritime. Maintenant on comprend de plus en plus que cette unité était aussi génétique. Il s'agissait en grande partie d'un seul et même peuple qui s'est fortement étendu !
10 De liganol - 06/10/2017, 01:18
Concernant le Mahgreb, avant les analyses génétiques poussées, je croyais que les premiers habitants europoïdes de cette région provenaient de l'Espagne; parce qu'à l'époque on pouvait passer de l'Espagne à l'Afrique, via le détroit de Gibraltar, à pied grâce à un isthme qui reliait l'Afrique à l'Espagne. J'ai été étonné d'apprendre qu'ils venaient plutôt du Moyen-Orient.
11 De rainetto - 08/10/2017, 16:37
@Liganol
"je croyais que les premiers habitants europoïdes de cette région provenaient de l'Espagne; parce qu'à l'époque on pouvait passer de l'Espagne à l'Afrique, via le détroit de Gibraltar, à pied grâce à un isthme qui reliait l'Afrique à l'Espagne. J'ai été étonné d'apprendre qu'ils venaient plutôt du Moyen-Orient."
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Les génomes de cette étude sont du Néolithique, donc nettement postérieurs à la monté des eaux à Gibraltar. Or ces nouvelles populations plus ou moins néolithisées issues des premières migrations dites "hamitiques" originaires du Levant (à partir des Capsiens issus des Natoufiens, puis du Néolithique Saharien issus de Levant N) ont probablement remplacés les populations de chasseurs-cueilleurs antérieures d'Afrique du Nord, comme celles issues des Ibéromaurusiens.
La porte reste donc ouverte à ce que vous croyiez pour ce qui concerne les périodes antérieures : le Paléolithique supérieur, l'Épipaléolithique et peut être le Mésolithique.
12 De liganol - 09/10/2017, 06:49
@rainetto
'' La porte reste donc ouverte à ce que vous croyiez pour ce qui concerne les périodes antérieures : le Paléolithique supérieur, l'Épipaléolithique et peut être le Mésolithique. "
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Maintenant que vous en parliez, je me dis qu'il aurait été intéressant d'avoir ce même genre d'analyse génétique, mais sur les hommes de Taforalt qui ,eux, sont issus tout droit du Paléolithique maghrebine. Je sais qu'on en avait faite une il y a des années, mais c'était juste sur l'ADN mithochondriale ou chromosome Y, je ne me souviens plus lequel des deux. Quoi qu'il en soit, une analyse de l'ADN autosomale pratiquée sur les hommes de Taforalt aurait été intéressant et pourrait nous renseigner sur la provenance des premiers europoïdes arrivés au Mahgreb.
13 De M81 - 13/06/2018, 18:35
Merci Bernard pour cette mise-à-jour.
Ajoutons quelques remarques importantes.
Selon les auteurs : "Early Neolithic Moroccans (~5,000 BCE) are similar to Later Stone Age individuals from the same region and possess an endemic element retained in present-day Maghrebi populations, confirming a long-term genetic continuity in the region"
Il y a effectivement une très grande similarité entre IAM (-5000 BP) et Taforalt (-15000 BP) "FST and outgroup-f3 distances indicate a high similarity between IAM and Taforalt" avec des composantes ancestrales identiques (environ 2/3 d'ascendance similaire à celle des Natufiens du Levant et 1/3 d'ascendance sub-saharienne ancienne) et donc une continuité génétique très importante entre ces deux périodes.
Continuité génétique également importante avec les Maghébins modernes puisque cette ascendance Taforalt/IAM se retrouve entre 20 et 40% chez ceux-ci.
14 De Aris - 24/04/2020, 16:27
Les Capsiens ne viennent pas Levant et n'ont rien avoir avec les Natoufiens, qui sont plutôt d' Afrique de l'Est.
Les Capsiens n' ont jamais remplacé les Ibéromaurusiens (faux et archi-faux). Il sagit d'une mutation climatique provoquée par l'isolement. A l'origine Capsien et Ibéromaurusien c'est le même peuple, si non comment expliquer la présence des capsiens aux îles Canaries ?
Aucune trace du capsien au Levant. Le peuplement nord africain est essentillement Ibéromaurusien - capsien.
C'est comme si on disait les berbères autochtones sont remplacés par les envahisseurs bédouins arabes du 7 ème siècle, dans la mesure où on a arabisé et islamisés les habitants de l'Afrique du nord par la violence (le génome arabe ne représente que 2 pour cent de la population nord africaine actuelle).
Les Natoufiens sont étragers à l'Afrique du nord ouest, ils sont présent en afrique de l'Est, dans le désert du Sinaï et dans une moindre mesure sur l'arrive droite du Nil.