En Anatolie centrale le Néolithique acéramique est représenté par les sites archéologiques d'Aşıklı Höyük et Boncuklu datés autour de 8000 av. JC. Ce sont des vestiges parmi les plus anciennes communautés sédentaires d'Anatolie centrale dont les moyens de subsistance étaient principalement chasseurs-cueilleurs. La période céramique suivante datée entre 7000 et 6000 av. JC. est représentée en Anatolie centrale par les sites archéologiques de Çatalhöyük, Tepecik-Çiftlik et Barcın Höyük. Leurs moyens de subsistance sont basés principalement sur l'agriculture et l'élevage:

2021_Larsen_Figure1A.jpg, avr. 2021

ReyhanYaka et ses collègues viennent de publier un papier intitulé: Variable kinship patterns in Neolithic Anatolia revealed by ancient genomes. Ils ont séquencé le génome de 8 squelettes d'Aşıklı Höyük et 14 squelettes de Çatalhöyük. Ces résultats ont été ajoutés aux génomes préalablement publiés de 9 individus de Boncuklu, 23 individus de Barcın Höyük, 5 individus de Tepecik-Çiftlik et un individu du Paléolithique du site de Pınarbaşı.

Les auteurs ont réalisé une Analyse en Composantes Principales. Tous les génomes du Néolithique Anatolien se regroupent au centre de la figure. Les échantillons de la période céramique sont décalés vers les anciens individus du Levant à droite par rapport aux échantillons de la période acéramique:

2021_Larsen_Figure1B.jpg, avr. 2021

Ces génomes montrent que les anciens individus du Néolithique Anatolien partagent plus d'ascendance commune avec les autres anciens individus du même site archéologique. De plus les individus des sites acéramiques sont plus proche génétiquement entre eux qu'avec les individus de la période céramique. Enfin les individus de la période acéramique ont moins de diversité génétique que les individus de la période céramique. Ces résultats suggèrent soit une augmentation de la taille de la population, soit l'arrivée d'un flux de gènes extérieur pendant la période céramique. Ainsi le logiciel qpAdm permet de montrer que les individus de la période céramique sont issu d'un mélange génétique entre la population locale de la période acéramique (90%) et une population du Levant situé plus au sud (10%). De manière intéressante l'augmentation de la mobilité des populations est liée au développement de l'agriculture et de l'élevage.

Les habitats du Néolithique du Proche-Orient contiennent des structures qui sont interprétées comme des habitations domestiques qui ont conduit à la socialisation des membres du foyer. Ces populations enterraient leurs morts sous le plancher des maisons. Une étude précédente basée sur l'ADN mitochondrial a montré que les différents individus enterrés sous la même maison ne sont pas liés maternellement. Dans cette étude les auteurs ont recherché d'éventuels liens de parentés entre différents individus enterrés sous la même maison ou dans des maisons voisines.

Les données d'Aşıklı Höyük contiennent notamment le génome de cinq femmes enterrées sous deux maisons voisines et datées de la même période. Parmi ces cinq femmes il y a deux paires qui sont reliées au premier degré, probablement deux fois deux sœurs:

2021_Larsen_Figure3A.jpg, avr. 2021

Les données de Boncuklu contiennent le génome de neuf individus enterrées sous trois maisons adjacentes. Parmi elles, les auteurs ont identifiées également deux paires d'individus reliés au premier degré: une mère et son fils enterrés sous la même maison et un frère et sa sœur enterrés sous deux maisons adjacentes. Curieusement, le bébé enterré avec une des femmes n'est pas relié génétiquement avec elle:

2021_Larsen_Figure3B.jpg, avr. 2021

Les données de Çatalhöyük contiennent le génome de 14 individus dont dix femmes et quatre hommes. Parmi eux dix enfants ou adolescents sont enterrés sous trois maisons différentes. Parmi ces individus les auteurs ont identifiés une seule paire d'individus reliés génétiquement au premier degré. Il s'agit de deux sœurs:

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Les données de Barcın Höyük contiennent le génome de dix individus enterrés sous trois maisons dont une paire de sœurs et une paire reliée au second ou troisième degré:

2021_Larsen_Figure3D.jpg, avr. 2021

Les données de Tepecik-Çiftlik contiennent le génome de cinq individus dont seulement une paire reliée au premier degré est enterrée sous la même maison. Il s'agit d'une mère et de son fils.

L'ensemble de ces résultats suggèrent que les individus de la période acéramique enterrés sous la même maison sont souvent reliés génétiquement, alors que cela est beaucoup plus rare pour les individus de la période céramique plus récente pour qui la plupart des individus enterrés sous la même maison ou dans des maisons adjacentes ne sont pas reliés génétiquement. Ainsi le choix du lieu de sépulture devait être motivé par des formes supplémentaires de lien social pendant cette période.