Une tombe du Moyen-Âge datée entre 1050 et 1300 a été découverte en 1968 en Finlande sur la commune de Hattula, sur le site de Suontaka. Elle a été interprétée comme la tombe d'une femme accompagnée par deux épées, basée sur la présence de mobilier constitué par des accessoires de vêtement et des bijoux, en plus de ces deux épées. Cette tombe est devenue un symbole de sépulture d'une femme de pouvoir en Finlande. Cependant certains archéologues suggéraient la possibilité d'une tombe double contenant les restes d'un homme et d'une femme:

2021_Moilanen_Figure1.jpg, août 2021

Ulla Moilanen et ses collègues viennent de publier un papier intitulé: A Woman with a Sword? - Weapon grave at Suontaka Vesitorninmäki, Finland. Ils ont entrepris une étude complète de cette tombe basée notamment sur des tests génétiques.

La littérature archéologique a toujours voulu associer les restes humains retrouvés dans une sépulture à un homme ou une femme. Cette division binaire est cependant problématique sachant que la réalité est plus complexe à cause soit d'anomalie chromosomique (aneuploïdie) soit de l'identité sexuelle d'une personne qui peut être différente du sexe biologique. En effet des études récentes montrent que la personnalité et le comportement d'une personne peuvent être différents du sexe biologique en opposition avec la binarité simple d'une idée de la société composée d'hommes et de femmes.

Ainsi cette complexité est évidente lorsqu'il s'agit de déterminer le sexe d'un individu à partir du mobilier de sa sépulture. La présence d'une épée dans une sépulture médiévale d'Europe est toujours associée à un statut de pouvoir, et souvent à l’idéologie du guerrier et aux hommes. Lorsqu'une sépulture contient à la fois une épée et des bijoux féminins, elle devient rapidement problématique et conduit parfois certains archéologues à suggérer la possibilité d'une sépulture double contenant à la fois un homme et une femme.

La sépulture de Suontaka en Finlande est fameuse pour son épée munie d'une poignée de bronze décorée. Le mobilier inclus également une autre épée sans poignée, un couteau dans son fourreau, deux broches ovales, un pendentif à double spirale, une petite broche penannulaire et une faucille:

2021_Moilanen_Figure2.jpg, août 2021

De manière générale les épées sont associées aux hommes et les bijoux aux femmes. Une datation radiocarbone a montré que cette tombe était datée entre 1040 et 1174. L'étude du rapport de fouille indique que d'abord l'épée à poignée de bronze a été découverte et que le squelette et le reste du mobilier ont été découverts ensuite plus bas. Il est donc probable que cette épée à poignée de bronze n'était pas associée directement à la sépulture. De plus les restes squelettiques étaient fortement décomposés et seuls des fragments des deux fémurs ont pu être prélevés:

2021_Moilanen_Figure3.jpg, août 2021

Enfin le rapport de fouilles montre qu'il n'y avait pas la place pour deux personnes dans cette sépulture.

Des tests ADN ont été entrepris sur les restes osseux de la tombe. Malheureusement il y avait très peu d'ADN préservé et les auteurs n'ont pu testé que le sexe de l'individu. Les résultats ont montré que cet individu a un caryotype aneuploïde: XXY (syndrome de Klinefelter). Des cas similaires ont déjà été reportés dans des études précédentes de paléo-génétique. C'est le cas d'un fermier du Néolithique Ancien en Allemagne (étude de Rivollat de 2020), d'un Viking d'Islande (étude de Ebenesersdóttir de 2018) et d'un Viking des îles Orkney (étude de Margaryan de 2020).