Le début de l'Âge du Fer dans le sud-est de l'Europe a été accompagné par des changements sociaux importants comme l'augmentation des contacts et des échanges entre les communautés du nord de l’Adriatique. De nouveaux centres urbains localisés au sommet des collines émergent associés à de nombreux tumulus. Au sud-est de la Slovénie et au nord de la Croatie, dans le groupe Dolenjska, les rites funéraires évoluent de la crémation contenue dans des sépultures plates vers l'inhumation dans des sépultures multiples sous tumulus. Ces changements suggèrent l'émergence d'une hiérarchie qui s'est développée par le contrôle et l'exploitation de la production et du commerce du fer, du sel ou de l'ambre.

Ian Armit et ses collègues viennent de publier un papier intitulé: Kinship practices in Early Iron Age southeast Europe: genetic and isotopic analysis of burials from the Dolge njive barrow cemetery, Dolenjska, Slovenia. Ils ont analysé le génome et les isotopes de plusieurs individus inhumés sous trois tumulus du cimetière de Dolge njive appartenant au groupe Dolenjska et situé en Slovénie:

2022_Armit_Figure1.jpg, oct. 2022

Sur ce site archéologique, l'habitat de hauteur situé sur le mont Veliki Vinji vrh est entouré d'environ 145 tumulus. La plupart d'entre eux sont situés à l'ouest de la colline. Le cimetière de Dolge njive est lui situé au sud-est entre deux vallées. Les fouilles de 2002 ont mis en évidence trois tumulus du début de l'Âge du Fer a proximité de la rivière Krka:

2022_Armit_Figure2.jpg, oct. 2022

Deux tumulus ont été en partie détruit à la fois par un habitat Romain et par l'agriculture médiévale. Ces deux tumulus contiennent une sépulture chacune accompagnée par des pointes de lance. Le troisième tumulus est mieux préservé et abrite six sépultures et sept individus accompagnés par un mobilier archéologique qui varie d'une inhumation à l'autre:

2022_Armit_Figure3.jpg, oct. 2022

Les datations radiocarbone par AMS réalisées à partir des restes osseux des individus du tumulus 1 ont fourni des valeurs comprise entre 800 et 540 av. JC.

Les résultats génétiques ont permis de déterminer le sexe et les haplogroupes uni-parentaux de tous ces individus. Ainsi toutes les attributions de sexe attribuées par le mobilier archéologique ont été confirmées par l'ADN. De plus six des sept individus du tumulus 1 appartiennent à l'haplogroupe mitochondrial H1e5 et le septième à H. Les individus des tumulus 2 et 3 sont de l'haplogroupe mitochondrial H5a6 et H1ba. Parmi ces neuf individus il y a sept hommes qui appartiennent tous à l'haplogroupe du chromosome Y: R1b (sous-branche de U152) et deux femmes. Cet haplogroupe R1b s'est répandu en Europe au Chalcolithique et à l'Âge de Bronze et est issu des migrations venues des steppes:

2022_Armit_TableS2.jpg, oct. 2022

Les auteurs ont ensuite recherché d'éventuelles relations familiale. Ainsi dans le tumulus 1, tous les individus sont reliés étroitement. La sépulture 5 contient le père de famille. Il est accompagné par quatre de ses enfants: trois garçons et une fille, ainsi que d'une petite-fille. Le dernier individu est relié au troisième degré avec la fratrie. Comme il possède le même haplogroupe mitochondrial cela peut-être soit un cousin maternel soit un grand oncle maternel:

2022_Armit_Figure4.jpg, oct. 2022

Enfin les deux individus des tumulus 2 et 3 n'ont pas de relation familiale.

L'analyse isotopique du carbone et de l'azote montre que tous ces individus avaient une diète terrestre composée d'un mélange de plantes C3 (blé, orge) et C4 (millet) et de protéine animale herbivore. L'analyse isotopique du strontium et de l'oxygène montre que tous ces individus ont grandi dans la région où ils ont été enterrés. De plus, les concentrations de strontium peuvent refléter le niveau trophique des aliments consommés par un individu, diminuant avec l'augmentation du niveau trophique. La grande variation des concentrations de strontium ici suggère que deux des frères (sépultures 3a et 4) ont consommé plus de viande et de produits laitiers que les autres, tandis que leur père (sépulture 5) présente de loin la concentration de strontium la plus élevée et semble donc avoir mangé plus d'aliments de niveau trophique inférieur. Il semble donc que le père ait eu un régime alimentaire et/ou un lieu d'enfance différents de ceux de ses enfants.

Mise à jour

Ce papier a été définitivement publié en février 2023: Kinship practices in Early Iron Age South-east Europe: genetic and isotopic analysis of burials from the Dolge njive barrow cemetery, Dolenjska, Slovenia