C'est l'hypothèse que propose le papier de Maria Pala et al.: Mitochondrial DNA Signals of Late Glacial Recolonization of Europe from Near Eastern Refugia. Les informations supplémentaires sont accessibles ici. Ces populations étaient présentes dans le refuge du Proche-Orient pendant la dernière glaciation. Elles auraient ainsi pu commencer à peupler l'Europe dès la fin de cette glaciation entre 19.000 et 12.000 ans, soit à l'époque paléolithique.Dolukhanov a proposé deux scénarios de repopulation de l'Europe à la fonte des glaces. Le premier à partir du refuge ibérique situé dans la zone franco-cantabrienne, correspondrait à l'expansion magdalénienne et serait associé à la diffusion des haplogroupes mitochondriaux H1, H3, H5, U5b1b et V. Le second scénario correspondrait à un refuge dans les plaines ukrainiennes et serait associé à la diffusion des haplogroupes U4 et U5a. Jusqu'ici la diffusion des haplogroupes J et T1 étaient associés au néolithique. L'étude de Maria Pala a ainsi consisté à étudier les haplogroupes J et T afin de déceler une éventuelle diffusion en Europe dès le paléolithique à partir d'un refuge situé au Proche-Orient.
Cette nouvelle étude est basée sur l'étude de nombreuses nouvelles séquences complètes: 215 séquences J et 165 séquences T ciblant principalement l'Europe méditerranéenne, le Caucase et le Proche-Orient. Ces nouvelles séquences se rajoutent à 522 anciennes séquences, soit un total de 902 séquences complètes. L'arbre phylogénétique résultant est résumé ci-dessous: Pala figure 1

La nomenclature est conforme à l'arbre phylotree de Mannis Van Oven et le récent papier de Behar et al. L'âge de coalescence des haplogroupes a été déterminé à partir du taux de mutation de Soares. A l'ensemble de ces séquences complètes, les auteurs ont ajouté un ensemble de 37.239 séquences réduites à la région de contrôle, et dessiné de bien jolies cartes de répartition des haplogroupes: Pala map 1
Pala map 2
Pala map 3
Les dates des différents haplogroupes sont indiquées ci-dessous: Pala table 1
Ainsi l'âge de l'haplogroupe JT est estimé à 58.000 ans avant leur arrivée au Proche-Orient. Ensuite J apparait il y a 40.000 ans et T il y a 30.000 ans tous les deux au Proche-Orient. Aujourd'hui, on retrouve des branches de J et T en Europe, au Proche-Orient, en Afrique du Nord, en Inde et en Asie centrale.
L'haplogroupe J s'est d'abord diversifié au Proche-Orient. L'haplogroupe J1 vieux de 33.000 ans englobe 80% de toutes les lignées J. J1b daté de 23.000 ans se trouve essentiellement au Proche-Orient: Iran et Arabie, avec une branche européenne J1b1a datée de 14.000 ans. J1d daté de 20.000 ans se trouve aussi au Proche-Orient, jusqu'en Arabie et en Afrique de l'est, en Iran, dans le nord du Caucase et en Asie centrale. Par contre J1c qui est principalement européen, date de 16.000 ans. On le retrouve notamment en Europe centrale, dans les Balkans et en Ukraine. L'haplogroupe J2, plus rare, date de 37.000 ans. Il englobe J2a et J2b daté respectivement de 32.000 et 20.000 ans. Il est prédominant au Proche-Orient,mais possède des sous-clades européennes: J2a1 et J2b1 datées toutes les deux de 15 à 16.000 ans.
L'haplogroupe T est divisé en deux sous-haplogroupes: T1 et T2 datés de 21.000 ans et originaire du Proche-Orient. T1 s'étend de l'Europe à l'Afrique du nord-ouest en passant par le Caucase, le Proche-Orient, l'Inde de l'ouest, l'Asie centrale et la Sibérie. T1b par contre, est beaucoup moins fréquent, et se retrouve seulement au Proche-Orient: Anatolie de l'est et sud de l'Irak. T2 est le sous-groupe de T le plus fréquent. On le retrouve en Europe, au Proche-Orient et en Iran. Le sous-groupe de T2 le plus fréquent est T2b qui est principalement européen et daté de 10.000 ans. Un autre sous-groupe T2f est principalement européen et date de 17.000 ans. T2a date aussi de 17.000 ans. Il est originaire du Proche-Orient et semble se dispersé en Europe en plusieurs vagues successives. Ainsi T2a1 date de 14.500 ans et semble être entré en Europe avant le néolithique. T2e date de 11.000 ans et se trouve principalement en Europe méditerranéenne.
En conclusion, les haplogroupes J et T ont commencé à se répandre en Europe avant le néolithique, entre 16.000 et 12.000 ans, signalés notamment par les haplogroupes: J1c, J1b1a, J2a1, T1a1, T2a1b, et T2f1, puis entre 11.000 et 10.000 ans signalés par les groupes T2b et T2e.

Tout ceci devra néanmoins être validé par les tests d'ADN ancien sur des squelettes préhistoriques. Au jour d'aujourd'hui les plus anciens tests d'ADN J ou T en Europe datent de 7500 ans dans des squelettes du néolithique de la culture rubanée (LBK) en Allemagne et de 7000 ans dans des squelettes du néolithique de la culture cardiale en Espagne.