Les poteries campaniformes devaient avoir belle allure. Cuites en atmosphère oxydante, leur teinte était rouge orangée. De plus parfois on retrouve une matière blanchâtre à l'intérieur des décorations réalisées par impression de cordelette, peigne ou coquillage. Ainsi ces poteries à l'état neuf devaient ressembler à ceci:
Poteries campaniformes
Un papier de Carlos P. Odriozola et Vıctor M. Hurtado Perez daté de 2007 intitulé: The manufacturing process of 3rd millennium BC bone based incrusted pottery decoration from the Middle Guadiana river basin (Badajoz, Spain), a montré, sur des poteries campaniformes espagnoles, que cette matière blanche était composée de poudre d'os brûlé. Or cette technique d'inscrustation de matière blanchâtre à la poudre d'os est connue précédemment au campaniforme dans les cultures chalcolithiques de Hongrie. Un autre papier de W.A. Parkinson et al. daté de 2010 et intitulé: Elemental Analysis of Ceramic Incrustation Indicates Long-Term Cultural Continuity in the Prehistoric Carpathian Basin fait une étude très intéressante sur la technique d'incrustation de matière blanche sur les poteries. Celle-ci a montré que là aussi la matière blanche était faite de poudre d'os. Ainsi cette technique semble prendre ses origines dans la culture chalcolithique de Tiszapolgár datée entre 4500 et 3800 av. JC, et prédate l'arrivée des premiers kourganes dans les plaines hongroises, bien que certains y voient une influence des steppes (Lichardus-Itten 1980). Elle perdure en Hongrie jusqu'à l'âge de Bronze moyen vers 2000 av. JC.
Tiszapolgar potery
Pavel Dolukhanov, Nicolas Cauwe, Paul-Louis Van Berg et Pavel Kozlowzki disent des choses très intéressantes à propos de la culture de Tiszapolgar dans leur livre Le néolithique en Europe:

A partir de 4400 av. JC, une grande partie de l'héritage culturel balkano-danubien de la vallée de la Tisza disparait avec l'émergence de la culture de Tiszapolgar, dans la plaine hongroise et l'ouest de la Transylvanie. Les habitats sur tell sont abandonnés. Les établissements rapetissent, se dispersent et sont limités à une seule phase d'occupation représentée par des couches archéologiques très minces où l'on distingue mal la structure des maisons. Les habitats les plus importants sont ceux de Fuzesabony et de Szarvas, où ont été découverts des lieux cérémoniels entourés de fossés de 25 à 30 m de diamètre. Cette transformation des installations témoigne de la mobilité croissante des populations; celle-ci abandonnent l'agriculture au profit d'un élevage, où le boeuf est toujours dominant. Quelques tombes sont encore creusées à l'intérieur des villages, mais la plupart sont rassemblées dans des cimetières, tantôt à la limite de l'habitat, tantôt un ou deux kilomètres plus loin. Les plus grandes nécropoles sont celles de Tiszapolgar-Basatanya et de Tibava. Un formalisme communautaire de la gestion des cadavres se substitue à leur appropriation familiale. Dans la nécropole de Tiszapolgar-Basatanya, le site éponyme, hommes, femmes et enfants vêtus et parés sont inhumés dans des fosses rectangulaires, disposées en rangées orientées Est-Ouest, les hommes déposés sur le côté droit, les femmes sur le côté gauche; tous font face au Sud. Presque tous les inhumés sont accompagnés d'un mobilier funéraire: poteries et autres objets en argile, en os, en bois de cerf, en silex ou en obsidienne. Les tombes les plus riches livrent des bijoux en cuivre et en or originaires des Balkans orientaux. Il en va de même à Mojgrad et à Tiszaszöllös.Si les deux sexes sont également parés, seuls les hommes sont accompagnés de haches-marteaux en pierre, de pointe de flèche, de mandibules et de défenses de sanglier. La présence, dans quelques tombes masculines, d'un os de cheval constitue une nouveauté. Cette fois, d'importantes différences de richesse se marquent d'une tombe à l'autre. Le dépôt des armes dans les tombes s'oppose aussi aux pratiques antérieures. Mais le fait saillant de la période consiste en la disparition simultanée de tous les objets cultuels, des figurines et de la céramique décorée; cette dernière est remplacée par une autre, de morphologie différente et à surface unie. L'ensemble de ces traits témoignent d'une restructuration de la société, accompagnée d'un bouleversement idéologique. A partir de la culture de Tiszapolgar, se développe une métallurgie du cuivre et de l'or, surtout liée à la production d'objets de prestige, telle que les haches-marteaux et les haches perforées cruciformes à deux tranchants, dont les centres de production apparaissent en Transylvanie et peut-être aussi en Slovaquie.

Ainsi cette technique céramique campaniforme qui consiste à incruster les poteries de matière blanche à base d'os, prend son origine dans les plaines de Hongrie, dans la culture de Tiszapolgar qui montre une forte discontinuité avec les cultures néolithiques précédentes. D'autres caractéristiques du campaniforme semblent en découler, notamment avec l'apparition de la métallurgie et dans la gestion des morts avec la différentiation selon le sexe et l'apparition des armes dans les tombes, bien que la position des hommes et des femmes et la présence de haches-marteaux dans les tombes, préfigurent davantage le cordé que le campaniforme.