Alena Kushniarevich vient de publier un papier sur l'étude des marqueurs uniparentaux en Biélorussie: Uniparental Genetic Heritage of Belarusians: Encounter of Rare Middle Eastern Matrilineages with a Central European Mitochondrial DNA Pool.

La Biélorussie occupe l'ouest des plaines d'Europe de l'Est entre la Russie, les Pays Baltes, la Pologne et l'Ukraine. Dans cette étude, les auteurs ont analysés 565 échantillons d'ADN du chromosome Y et 267 échantillons d'ADN mitochondrial regroupés dans 6 régions de Biélorussie:
2013 Kushniarevich Figure 1

A partir des 267 échantillons d'ADN mitochondrial, les auteurs ont construit un arbre phylogénétique composé de 58 haplogroupes:
2013 Kushniarevich Figure 2

Parmi les sous-clades de H, les haplogroupes H1b et H2a sont bien représentés, ce qui est caractéristique de l'est de l'Europe, les haplotypes des haplogroupes V et U5a sont également caractéristiques de l'Europe de l'est. L'haplogroupe U5b indique un flux génétique en provenance de l'Europe Centrale et du sud-ouest. Les haplotypes U4 sont caractéristiques des populations slaves. Les haplotypes J et T sont typiques du Proche-Orient et de l'Europe. Moins fréquents sont les haplogroupes issus directement de l'haplogroupe N, suggérant une contribution génétique du Moyen-Orient. L'haplogroupe N1a1 a été mis en évidence chez les premiers fermiers néolithiques en Europe. Les haplogroupes I1a et W sont également reliés au néolithique, voire avant. Les sous-clades N1a3 et N3 sont également probablement reliées au Moyen-Orient.

L'haplogroupe N1a3 est habituellement défini dans la région HVR1 par les deux mutations: 16265 et 16201 à partir de la racine N. Cependant, deux séquences biélorusses montrent les deux mutations 16265 et 16240 à partir de la racine N. N1a3 est confiné au Moyen-Orient, essentiellement dans la Péninsule arabique et en Irak, mais aussi dans le Caucase et au nord est du bassin méditerranéen: Sicile, Rhodes, Crète, Chypre, Liban et Palestine. Il est extrêmement rare en Europe de l'est, dans la région Volga-Oural. De façon à mieux investiguer cet haplogroupe, les auteurs de cette étude ont fait un séquençage complet de 2 séquences N1a3 sans la mutation 16201, et 18 séquences N1a3 avec la mutation 16201. L'arbre phylogénétique obtenu est le suivant:
2013 Kushniarevich Figure 4

Ainsi l'arbre montre une nouvelle branche nommée N1a3a définie par la mutation 16201. N1a3 émerge entre 12.000 et 15.000 ans probablement au Moyen-Orient. Il s'est ensuite diffusé à la transition Pléistocène/Holocène, notamment en Europe.

N3 est un nouvel haplogroupe récemment découvert et caractérisé dans la région HVR1 par les mutations: 16086, 16172, 16187, 16189 et 16217. Il est extrêmement rare et présent surtout au Moyen-Orient. Pour étudier cet haplogroupe, les auteurs ont séquencé complètement 13 échantillons N3. L'arbre phylogénétique obtenu est le suivant:
2013 Kushniarevich Figure 5

Il apparait ainsi une nouvelle sous-clade N3a définie par les mutations: 5048, 9815 et 11128. Cette sous-clade inclue la séquence biélorusse, ainsi que toutes les séquences européennes, et des séquences iraniennes. L'âge de N3 est estimé à environ 12.000 ans à la transition Pléistocène-Holocène, alors que N3a est lui daté de seulement 4000 ans. L'haplogroupe N3a est probablement originaire de l'Iran et s'est diffusé en Afrique du Nord et en Europe.

Plus de la moitié des hommes biélorusses appartiennent à l'haplogroupe R1a, et 80% d'entre eux appartiennent aux 3 principaux haplogroupes: R1a, I2a et N1c:
2013 Kushniarevich Figure 6

I2a est plus fréquent dans les régions sud et décroit vers le nord du pays. A l'inverse, N1c est plus fréquent dans le nord et décroit vers le sud du pays. A plus grande échelle I2a est plus fréquent dans les Balkans alors que N1c est plus fréquent dans les Pays Baltes et la région Volga-Oural. D'autre part, on suppose que les expansions des haplogroupes R1a, I2a et N1c ont eu lieu au début de l'holocène.