L'haplogroupe du chromosome Y: Q-M242 est probablement originaire d'Asie Centrale ou du sud de la Sibérie, il y a environ 20.000 ans. Il atteint ses plus hautes fréquences aux Amériques. La connaissance de sa diffusion en Eurasie et en Afrique est encore limitée.

Les ancêtres des Amérindiens sont venus de Sibérie via le détroit de Béring il y a environ 16.000 ans. Q1a-L54 et Q1a-M3 sont les deux sous-clades prédominantes des deux côtés du détroit de Béring. Q1a-L54 se retrouve aux Amériques, au nord de l'Asie et en Europe de l'Ouest et du Centre. Un ancien individu de la culture Clovis appartient à l'haplogroupe Q1a-L54(xM3). Q1a-M3 est une des sous-clades qui ont été le plus étudiées. Elle est fréquente dans la péninsule de Chukotka en Sibérie et aux Amériques.

La fréquence de l'haplogroupe Q varie de 0 à 94% en Eurasie. Elle est maximale en Sibérie, notamment chez les Kets (92%) et les Selkups (68%), et rare en Asie de l'Ouest, du Sud et du Sud-Est. La sous-clade Q1a-M120 apparait presque uniquement en Asie de l'Est et sa diversité suggère qu'elle s'est dispersée du nord vers le sud durant le Néolithique. La sous-clade Q1a-M25 atteint ses plus hautes fréquences chez les Turkmens (34 à 43%), alors que la sous-clade Q1a-M346 apparait en Asie Centrale, de l'Ouest et du Sud, ainsi qu'en Europe. De plus, quelques sous-clades de Q ont été identifiées dans les Comores en Afrique et dans les îles Polynésiennes en Océanie.

Yun‐Zhi Huan et ses collègues viennent de publier un papier intitulé: Dispersals of the Siberian Y‐chromosome haplogroup Q in Eurasia. Ils ont analysé l'ADN du chromosome Y de 1757 hommes de cinq régions de Chine et 30 hommes de trois populations de Russie: Enets, Kets et Selkups. Ils ont testé les SNPs suivants: M120, L54, M25, M346, L804, F1161, M378 et L245:
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ainsi que 17 marqueurs STR.

Ils ont ainsi identifié 16 chinois et 23 russes appartenant à l'haplogroupe Q. De plus, des données appartenant à plusieurs études précédentes ont été ajoutées à l'étude.

Les auteurs ont ainsi tracé la carte des fréquences pour l'haplogroupe Q-M242:
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Les auteurs ont également représenté par des flèches rouges les routes de migration supposée de l'haplogroupe Q à partir de sa région d'origine (étoile bleue).

Les auteurs ont ensuite tracé les réseaux obtenus avec les haplotypes STR pour chacune des sous-clades principales de Q:
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Ainsi le réseau Q1a-M120 inclut principalement des échantillons Chinois (en rouge), le réseau Q1a-L54 des échantillons de Sibérie (en gris), Q1a-M25 des échantillons d'Asie Centrale (en vert), Q1a-M346 des échantillons de Sibérie (en gris), Q1a-L804 et Q1a-F1161 des échantillons d'Europe, Q1b-M378 et Q1b-L245 des échantillons Juifs.

Les dates d'expansions des principales sous-clades de Q ont été estimées par des méthodes évolutionnaires (EMR) et généalogiques:
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Les auteurs ont sélectionné les méthodes généalogiques comme les plus probables. Ils en déduisent que Q1a-M120 a migré en Chine au Néolithique, Q1a-L54 a migré du sud de l'Altaï vers la Sibérie dans une période historique récente. Q1a-M25 et Q1a-M346 sont fréquents dans les populations Turques et se sont dispersées il y a environ 4000 ans en Eurasie puis dans les Comores en Afrique. Q1a-L804 et Q1a-F1161 ont migré en Europe au Néolithique. Les sous-clades Q1b-M378 et Q1b-L245 fréquentes dans la population Juive, ont dû se diffuser en Europe durant la période historique.