Les études d'ADN ancien suggèrent que le paysage génomique de l'Irlande a été établi il y a environ 3500 ans durant l'Âge du Bronze. Il y a eu plusieurs migrations historiques significatives en Irlande dont les Vikings à la fin du premier millénaire, l'invasion Normande du 12ème siècle et les Plantations Britanniques en Ulster des 16ème et 17ème siècles. L'impact de ces migrations sur le génomes des Irlandais actuels reste inconnu.

Edmund Gilbert et ses collègues viennent de publier un papier intitulé: The Irish DNA Atlas: Revealing Fine-Scale Population Structure and History within Ireland. Ils ont analysé le génome de 536 Irlandais, 101 Ecossais, 131 Gallois, 96 Orcadiens et 1239 Anglais. Les auteurs ont utilisé le logiciel fineStructure pour mettre en évidence des clusters génétiques dans la population étudiée. Ils ont ainsi détecté 30 groupes dans les Îles Britanniques dont sept groupes essentiellement Irlandais (dénommés groupes Gaéliques) et trois groupes mélangés entre Irlandais du Nord, Écossais et Anglais (dénommés groupes Nord Irlandais).

Dans l'arbre ci-dessous, les clusters Gaéliques se regroupent entre eux et sont reliés aux Orcadiens. La branche Irlandaise est séparée en trois sous-clades. La première contient uniquement l'Irlande du Nord (Ulster), la seconde l'Irlande du Sud (Munster Nord et Sud) et la troisième l'Irlande Centrale (Connacht, Dublin, Irlande Centrale et Leinster). Cette distribution suit donc la géographie et les limites des entités historiques et politiques de l'Irlande:
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Les groupes Nord Irlandais sont inclus dans la branche Britannique (voir ci-dessus). Ils sont donc issus d'un mélange génétique entre Irlandais et Britanniques. D'ailleurs un certain nombre des Irlandais de ces groupes ont des patronymes Anglais ou Écossais.

Les auteurs ont également effectué une Analyse en Composantes Principales:
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La première composante sépare les Irlandais en bas à gauche des Anglais à droite, et la seconde composante sépare les Orcadiens en haut à gauche, des autres populations.

Les auteurs ont comparé les anciens individus Irlandais de l'Âge du Bronze avec les différents échantillons actuels. La majorité des groupes génétiques Irlandais a la même affinité génétique avec ces deux anciens individus, sans différence significative. Il y a donc eu une contribution homogène de ces anciens individus aux différentes populations contemporaines Irlandaises.

Les auteurs ont ensuite comparé les échantillons Irlandais à 6021 échantillons Européens. Ils ont estimé alors la proportion d'ascendance continentale pour chacun des pays Européens chez les individus Irlandais. Le résultat est le suivant:
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Ainsi pour les sept groupes Gaéliques, 80% de l'ascendance continentale vient de France, Belgique, Danemark et Norvège. La plus grande proportion vient de France, notamment du cluster FRA1 dont les individus sont du Nord-Ouest de la France. Cette ascendance est probablement liée à l'ascendance Celtique de la population Irlandaise. Les groupes Norvégiens contribuent également de manière significative à l'ascendance des groupes Irlandais. Cette ascendance est probablement liée aux migrations Viking du Moyen-Âge.

Les auteurs ont ensuite utilisé le logiciel Globetrotter pour estimer les dates des mélanges génétiques dans la population Irlandaise. L'arrivée des ascendances Danoise et Norvégienne est ainsi estimée entre 788 et 1052 de notre ère correspondant bien aux incursions Viking. D'autre part le mélange génétique entre ascendance Irlandaise et Britannique est estimé entre 11 et 7 générations et correspond probablement aux Plantations Britannique en Irlande du Nord.