La dynastie Huaxia est la plus ancienne de Chine. Elle a émergé autour de 2000 av. JC. le long du fleuve jaune. Cette population a donné le jour plus tard à la dynastie Han entre 206 av. JC et 220 ap. JC. Tout au long de son histoire, les Han ont eu des interactions complexes avec les minorités voisines. Un groupe pastoral important qui a interagi avec les ancêtres des Han dans les hautes vallées du fleuve jaune dans la région Ganqing pendant le Néolithique Moyen, est le peuple Di-Qiang.

Une étude précédente d'ADN ancien a montré que la population du site de Taojiazhai également dans la région Ganqing et daté entre 1900 et 1700 ans a également interagit avec les ancêtres des Han.

Jiawei Li et ses collègues viennent de publier un papier intitulé: Ancient DNA reveals genetic connections between early Di-Qiang and Han Chinese. Ils ont analysé l'ADN de 60 squelettes issus du cimetière de Mogou situé dans la région Ganqing et correspondant au peuple Di-Qiang. Ce site archéologique est daté entre 3530 et 3340 ans. Il appartient à la transition entre le Néolithique Final et le Bronze Ancien. Il est situé à une altitude de 2200 à 3900 mètres. Les auteurs ont analysé l'ADN mitochondrial et le chromosome Y des individus.

Les résultats ont été comparés à sept autres anciens groupes préhistoriques (180 individus) et 38 groupes modernes (1558 individus):
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Concernant l'ADN mitochondrial, les auteurs ont séquencé la région HVR1 et testé certains SNP de la région codante pour discriminer les principaux haplogroupes. Des résultats ont été obtenus pour 55 échantillons avec un total de 46 haplotypes différents. Certains haplotypes identiques ont été trouvés dans la même tombe indiquant probablement une relation maternelle entre ces individus. Les haplogroupes sont: A, B, C, D (D*, D4 et D5), F, G, M7, M8, M10, M13, M25, N*, N9a et Z. L'haplogroupe le plus fréquent est D (34,8%) suivis de C (10,9%), A (8,70%) et F (8,70%):
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La plupart de ces haplogroupes se retrouvent en Asie de l'Est alors que M25 se retrouve en Asie du Sud.

Sur les 55 échantillons qui ont donné des résultats, 15 hommes et 17 femmes ont été identifiés. Les hommes ont ensuite été testés sur certains SNP du chromosome Y: M9, M214, M175, M122, M324 et P201. Sur les 15 hommes, 6 ont donné des résultats. Ils appartiennent tous à l'haplogroupe O3a2-P201. Parmi ces six échantillons, deux ont ensuite été séquencé sur le chromosome Y. Leur haplogroupe définitif est O3a2c et O3a2c1a. L'échantillon avec la meilleur qualité de résultat a été comparé avec 71 hommes contemporains d'Asie de l'Est de la base de données HGDP et dont l'haplogroupe est O:
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Dans la figure ci-dessus, l'ancien individu de Mogou est situé tout en bas.

Les auteurs ont ensuite étudié la distance génétique entre les différents groupes et la population de Mogou, basée sur l'ADN mitochondrial. Cette distance est très faible pour les anciennes populations Hengbei et Taojiazhai, et les populations actuelles: Han du Nord et minorités du Nord, un peu plus élevée pour les anciennes populations: Dongdajing, Qilangshan et Lamadong. Elle est par contre plus importante pour l'ancienne population Hecun et les populations actuelles: Han du Sud, Miao-Yao, Tai-Kadai, Austro-Asiatiques et Tibéto-birmans. La figure ci-dessous donne le résultat d'une analyse multi-échelles basée sur la distance génétique, uniquement pour les populations anciennes:
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La comparaison des haplotypes mitochondriaux montre que la population de Mogou partage plus d'haplotypes avec la population Hengbei et les Han du Nord, qu'avec la population Taojiazhai et les Han du Nord:
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Les auteurs ont ensuite envisagé plusieurs modèles démographiques pour comprendre la relation entre les populations anciennes Mogou et Hengbei et la population actuelle des Han du Nord:
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Le modèle le plus probable est le modèle 1, suivi par le modèle 3.

En conclusion la population de Mogou est génétiquement proche des populations actuelles du Nord de la Chine, et des anciennes populations Hengbei et Taojiazhai. La population Di-Qiang a ainsi contribué génétiquement aux ancêtres des Han.