Les premières preuves de culture et d'élevage ont été trouvé dans le croissant fertile: le lieu d'origine de Néolithique. Cette région s'étend du sud du Levant à l'Est de l'Anatolie et du Nord de la Mésopotamie aux montagnes du Zagros à la frontière de l'Iran et de l'Irak actuels. De là, le Néolithique s'est diffusé dans les régions avoisinantes, dont l'Europe, l'Asie du Sud, la péninsule Arabique et l'Afrique du Nord. Les premières études d'ADN ancien montrent que les premiers fermiers de la région Égéenne aux alentours de 6500 à 6000 av. JC., sont les ancêtres des premiers fermiers Européens.

Farnaz Broushaki et ses collègues viennent de publier un papier intitulé: Early Neolithic genomes from the eastern Fertile Crescent. Ils ont séquencé le génome de quatre fermiers du début du Néolithique, dans les montagnes du Zagros. Un des individus (WC1) est un homme issu du site de la grotte Wezmeh daté entre 7455 et 7082 av. JC. Les trois autres sont issus du site de Tepe Abdul Hosein vieux d'environ 10.000 ans. Ils ont également séquencé un individu de l'Âge du Fer isssu du site de Hasanlu:
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Les auteurs ont réalisé une Analyse en Composantes Principales pour comparer ces génomes aux génomes d'autres anciens individus et aux génomes de personnes contemporaines:
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Les génomes des Néolithiques des Monts Zagros (en noir) se retrouvent à proximité des Pakistanais et des Afghans actuels (en bleu). Ils sont biens séparés des chasseurs-cueilleurs Européens (en rouge foncé) et des autres fermiers Néolithiques d'Anatolie et d'Europe (en rouge).

L'individu WC1 appartient à l'haplogroupe du chromosome Y G2b et à l'haplogroupe mitochondrial J1d6.

L'analyse des segments d'homozygosité de WC1 montre qu'ils sont équivalents à ceux des premiers fermiers d'Anatolie et d'Europe, ou des Européens actuels, indiquant ainsi une population relativement importante contrairement aux populations de chasseurs-cueilleurs d'Europe ou du Caucase, probablement 5 à 10 fois plus faible.

Les fermiers des Monts Zagros montrent une plus forte affinité génétique avec les chasseurs-cueilleurs du Caucase, alors que les fermiers d'Anatolie montrent une plus forte affinité génétique avec les chasseurs-cueilleurs Européens. Ces fermiers du Proche-Orient semblent donc issus de populations ancestrales différentes. La séparation entre les populations des fermiers Anatoliens et des chasseurs-cueilleurs Européens semble remonter entre 39.000 et 33.000 ans, alors que la divergence des ancêtres des fermiers Iraniens avec ces populations semble remonter entre 77.000 et 46.000 ans:
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Le taux d'ascendance de Neandertal chez les fermiers Iraniens est faible, mais reste dans la tendance des anciens individus Européens. Par contre le taux d'ascendance Basal Eurasian est deux fois plus élevé (62%) que chez les chasseurs-cueilleurs du Caucase (32%). Le reste (38%) correspond à une ascendance Ancient North Eurasian.

Une analyse des haplotypes, associée à un modèle de mélange Bayésien, montre que WC1 partage une forte proportion d'ascendance récente avec des individus du Moyen-Orient, du Caucase et d'Inde, alors que les premiers fermiers d'Anatolie et d'Europe partagent le plus d'ascendance avec les Européens du Sud.

L'individu WC1 avait les yeux marrons, une peau relativement sombre et les cheveux noirs.

Alors que les premiers fermiers du croissant fertile représentaient des populations distinctes, les individus plus récents comme celui appartenant au chalcolithique Anatolien (Kumtepe6), ou celui appartenant à l'Age du Fer d'Iran (F38), montrent un certain degré d'homogénéisation de ces populations du Proche-Orient. Ainsi Kumtepe6 est plus proche des Néolithiques Iraniens que tout autre ancien génome non Iranien. De plus F38 est proche de Kumtepe6. F38 appartient à l'haplogroupe mitochondrial N1a commun chez les premiers fermiers Européens. Son haplogroupe du chromosome Y est R1b-Z2103 fréquent dans la population ancienne Yamnaya. Ces résultats indiquent des flux de gènes issus de directions différentes.

De plus des populations du Moyen-Orient et d'Asie du Sud semblent être issus d'un mélange génétique entre une population des Steppes Pontiques et une population issus des fermiers Iraniens.