La péninsule Ibérique est diverse linguistiquement. Elle a subi notamment une longue période sous la loi Islamique. Clare Bycroft et ses collègues viennent de publier un papier intitulé: Patterns of genetic differentiation and the footprints of historical migrations in the Iberian Peninsula. Ils ont analysé le génome de 1413 individus Espagnols avec le logiciel fineStructure. Ce dernier a mis en évidence 145 groupes génétiques dont la distribution géographique révèle une structure génétique intéressante de l'Espagne:
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La première bifurcation de l'arbre, sépare des individus situés dans une petite région du sud-ouest de la Galice. La seconde bifurcation sépare la population Basque du reste des populations Espagnoles. Le reste de l'arbre sépare les groupes suivant un gradient est-ouest. Ces séparations suivent plus ou moins les régions autonomes d'Espagne dans la direction est-ouest. Par contre ces régions génétiques traversent les frontières des régions Espagnoles dans la direction nord-sud. Ainsi la différentiation génétique suit un axe est-ouest alors qu'il y a une forte similarité génétique suivant l'axe nord-sud. De manière intéressante l'inclusion d'individus du Portugal dans l'étude montre qu'ils se regroupent avec les individus de Galice et suivent ainsi également la même structure générale pour toute la péninsule Ibérique:
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De manière intéressante, la structure génétique de la péninsule Ibérique suit plus ou moins le découpage linguistique de la péninsule à différentes époques:
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Une toute petite région de la Galice inclue une forte structure génétique: dans la province de Pontevedra, la différentiation génétique opère à des distances inférieures à 10 km. Une forte structure génétique apparaît également dans le pays Basque, et dans la région de la Rioja dans la vallée de l'Ebre.

Les auteurs ont ensuite étudié les relations entre la population de la péninsule Ibérique et les autres populations d'Europe, d'Afrique du Nord et d'Afrique Sub-Saharienne. Ils ont encore utilisé le logiciel fineStructure pour identifier des groupes de la péninsule Ibérique comportant de l'ascendance issue des populations Européennes ou Africaines. Ils ont ainsi mis en évidence 29 groupes en dehors de la péninsule Ibérique et seulement six groupes de la péninsule Ibérique qui ont reçu une contribution génétique extérieure, bien moins que les 145 groupes préalablement identifiés: Pays Basque, Aragon/Catalogne, Centre, Ouest, Portugal/Andalousie et Galice/Portugal:
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Ceci montre que la structure génétique de la péninsule Ibérique est principalement due a une isolation régionale. Parmi les 29 groupes en dehors de la péninsule Ibérique, seuls six groupes ont une contribution supérieure à 1% dans la péninsule Ibérique. Ces six groupes sont situés en Europe de l'Ouest, du Sud et en Afrique du Nord-Ouest: France, Italie, Irlande, Maroc et Sahara de l'Ouest:
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Les groupes Européens contribuent de manière homogène dans les différentes régions de la péninsule Ibérique à l'inverse du Maroc dont la contribution semble ainsi plus récente. Les régions du Portugal et de l'Andalousie montrent les plus fortes contributions issues d'Afrique Sub-Saharienne.

Les auteurs ont ensuite utilisé le logiciel GlobeTrotter pour daté les événements de mélange génétique. Ainsi la plupart de ces contributions Européennes ou Africaines sont datées entre 860 et 1120 ap. JC. Les régions du Portugal et de l'Andalousie montrent un second événement de mélange génétique avec l'Afrique Sub-Saharienne daté d'environ 300 ans. Les auteurs ont également mis en évidence un mélange génétique des Basques avec d'autres régions d'Espagne entre 1190 et 1514 ap. JC. Cette contribution Basque est plus forte dans les régions voisines au pays Basque par rapport aux régions plus éloignées.