Les langues Ouraliennes couvrent aujourd'hui un vaste territoire du nord de l'Eurasie entre l'ouest de la Sibérie et le nord-est et l'est de l'Europe. Les Hongrois avec 13 millions d'individus, forment le groupe Ouralien le plus peuplé. Les peuples les plus proches linguistiquement des Hongrois (en vert ci-dessous) sont les Mansi (en jaune) et les Khanty (en rouge) de l'ouest de la Sibérie:
Ces trois peuples forment la famille des langues Ougriennes. D'autre part la langue Hongroise a été fortement influencée par des langues Turques durant la seconde moitié du premier millénaire de notre ère.
Cependant, malgré les racines orientales de leur langue, les Hongrois possèdent un pool génétique très proche de leurs voisins Indo-européens d'Europe Centrale. Ces résultats sont en accord avec les résultats anthropologiques qui suggèrent que depuis l'arrivée des ancêtres des Hongrois dans le bassin des Carpates, la population a subi de forts mélanges génétiques avec ses voisins géographiques. Ces résultats sont confirmés par ceux de la paléo-génétique.
Cependant, certains lignages paternels du chromosome Y de l'haplogroupe N ont été associés à la diffusion des langues Ouraliennes. Ainsi l'haplogroupe N3, absent dans les populations Indo-européennes, est cependant présent en faible proportion (< 4%) dans la population Hongroise. La sous-clade N3-Z1936 est présente à la fois chez les Hongrois et les Mansi actuels, mais aussi parmi les premiers conquérants Hongrois du Moyen-Âge.
Helen Post et ses collègues viennent de publier un papier intitulé: Y-chromosomal connection between Hungarians and geographically distant populations of the Ural Mountain region and West Siberia. Ils ont analysé le génome de 33 individus, dont cinq Hongrois, appartenant à la sous-clade N3-Z1936:
L'arbre ci-dessus possède deux branches définies par les SNPs: B535 et B539 qui ont divergé il y a environ 4900 ans. La branche N3a-B539 se scinde ensuite en deux branches définies par les SNPs B540 et B545 qui ont divergé il y a 4200 ans. Ensuite la branche B540 se scinde à nouveau en deux partie dont l'une inclue un Khanty et un Mansi et l'autre des Hongrois et des Bachkirs de langue Turque, peuple situé entre la Volga et les Monts Oural. L'expansion de ces deux branches démarre entre 2900 et 2700 ans. L'arbre ci-dessus montre que les cinq Hongrois appartiennent à la sous-clade N3a-B539 qu'ils partagent avec les Mansi, les Khanty et les Turques Bachkirs et Tatars.
Quoique la proportion de l'haplogroupe N en Hongrie soit très faible, elle est très intrigante. Les auteurs ont construit des cartes de distribution à partir de l'analyse du génome de 5000 individus contemporains appartenant à 46 populations Eurasiennes. La carte a ci-dessous montre la distribution de la branche N3a-Z1936 dans son ensemble. Elle possède deux pics de distribution: le premier centré en Europe du nord-est (appartenant essentiellement à la sous-clade B535: carte b) et le second sur les pentes sud des Monts Oural (appartenant essentiellement à la sous-clade B539: carte c).
Ainsi la branche B535 se retrouve essentiellement chez les Finnois, les Caréliens, les Vepses, les Estoniens et les Samis. La branche B539 est majoritaire parmi les Bachkirs et les Tatars de langue Turque. Mais elle aussi présente chez les Mansi et les Khanty de langue Ougrienne. Elle est également présente en faible proportion parmi les Hongrois (carte d). Enfin la carte e montre la distribution de la sous-clade N3a-B540 majoritaire au sud de l'Oural (Bachkirs: 60%) et dans l'ouest de la Sibérie (Mansi et Khanty: 27%). La sous-clade N3a-B545 est majoritaire chez les Bachkirs de la région Volga-Oural.
Les modèles démographiques montrent que le scénario le plus probable qui permet d'expliquer les données de cette étude, est représenté par une migration en provenance de Sibérie de l'ouest et du sud de l'Oural qui a contribué à la formation du peuple Hongrois pour une fréquence d'environ 43%. Notamment, le lignage N3a-B539 a contribué entre 7 et 18% des lignages paternels.
Connexion paternelle entre les Hongrois et certaines populations de l'Oural
lundi 27 mai 2019. Lien permanent ADN du chromosome Y
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3 réactions
1 De Flower - 23/02/2021, 12:08
J'en suis pas sur que vous ayez la bonne réponse. Mon test d'analyse de Dna montre acune trace venant de la région de Khanty ou Sibérie par contre j'ai le même genetical make up des gens vient de Israël Iran Syria et des pays Scandinavian. Je suis hongrois.
2 De Enikő - 27/08/2021, 12:07
Chez moi idem origine Israël Iran Syrie et pays Scandinaves...je suis hongroise.
3 De T-Y29990-B - 30/04/2022, 15:03
Kedves Flower et Enikő!
Il n'y a pas de contradiction entre les résultats de cette étude et vos tests génétiques: l'étude ci-dessus concerne uniquement le chromosome Y, transmis de père en fils exclusivement, et les tests génétiques d'origines auxquels vous faites allusion concernent l'ADN autosomal. Dans le 1er cas il s'agit de l'origine d'un seul ancêtre (le père du père du père du père etc.), dans le 2nd cas, il s'agit des gènes hérités de l'ensemble de vos milliers d'ancêtres.
L'histoire qui s'en dégage est qu'un petit groupe d'hommes porteurs de l'haplogroupe N3a s'est séparé des ancêtres des Khanty et des Mansi (en cohérence avec les données linguistiques du groupe ougrien) et s'est rendu en Hongrie après s'être d'abord installé en Bachkirie (la Magna Hungaria des chroniques médiévales). Ces hommes ont épousé au cours des siècles et au cours de leurs pérégrinations des femmes de diverses origines et leurs descendants ont donc une somme d'ancêtres où « l'ascendance magyare » est complètement diluée, à l'exception de l'haplogroupe de leur chromosome Y, transmis quasi-inchangé de père en fils, qui en garde la trace.
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Jonathan