En Europe Centrale une migration importante originaire des steppes Ponto-Caspiennes intervient à partir de 3000 av. JC., apportant une nouvelle ascendance génétique dans la population, et contribuant à la formation de la culture cordée. En Suède, cette dernière a été baptisée la culture des haches de combat. Elle démarre entre 3000 et 2800 av. JC. et se diffuse en Scandinavie entre le sud de la Norvège, la moitié sud de la Suède, et l'est de la Baltique jusqu'au sud-ouest de la Finlande.
Helena Malmström et ses collègues viennent de publier un papier intitulé: The genomic ancestry of the Scandinavian Battle Axe Culture people and their relation to the broader Corded Ware horizon. Ils ont séquencé le génome de 11 individus de Suède, Estonie et Pologne datés entre 3300 et 1660 av. JC. Parmi eux, cinq appartiennent à la culture cordée (CWC) (deux du site archéologique de Bergsgraven à Linköping en Suède, un de Karlova en Estonie et deux de Obłaczkowo en Pologne). Les six autres individus sont issus de différents contextes archéologiques de Suède: cinq sont issus de deux mégalithes de la culture néolithique des vases à entonnoir (FBC) situés à Rössberga et Öllsjö, et un de la culture des chasseurs-cueilleurs de la céramique perforée (PWC) à Ajvide. Les deux individus de Suède de la culture cordée sont de la culture des haches de combat (BAC):
Parmi ces onze individus il y a cinq hommes et six femmes. Les cinq individus de la culture cordée appartiennent aux haplogroupes mitochondriaux: U4, H1, N1a et U3. Les deux hommes de la culture cordée appartiennent à l'haplogroupe du chromosome Y: R1a, comme la grande majorité des hommes de cette culture. Cet haplogroupe n'a pas été trouvé parmi les hommes du néolithique Européen, mais il a été trouvé parmi les chasseurs-cueilleurs de l'Est et des groupes Énéolithiques de l'est de l'Europe.
Les auteurs ont ensuite analysé le gène LCT pour trois individus de la culture cordée dont le génome est de qualité suffisante: kar1, ber1 et poz81. L'individu de Karlova en Estonie a au moins une allèle associée à la tolérance au lactose alors que les deux autres individus ont au moins une allèle associée à l'intolérance au lactose. Ces résultats sont cohérents avec les résultats précédents qui montraient que la tolérance au lactose était très rare au néolithique avant d'être un peu plus fréquente parmi les individus de la culture cordée. D'autre part, ces individus ont des couleurs des yeux et des cheveux variés.
L'analyse des isotopes du strontium montre qu'un des deux individus de la culture des haches de combat en Suède est un migrant récent.
Les auteurs ont ensuite effectué une Analyse en Composantes Principales. Dans la figure ci-dessous les individus de la culture des haches de combat sont représentés par des disques bleus:
La figure ci-dessus montre qu'il y a une nette séparation entre les individus du Néolithique Européen en haut, les chasseurs-cueilleurs Européens à droite et les pasteurs des steppes en bas. Les individus de la fin du Néolithique et de l'Âge du Bronze se situent entre les fermiers du Néolithique et les pasteurs des steppes. En Suède, les individus de la culture des vases à entonnoir (FBC_SE), ceux de la culture de la céramique perforée (PWC_SE) et ceux de la culture des haches de combat (BAC_SE) sont également séparés en trois clusters différents. Notamment les individus de la culture des haches de combat se regroupent avec ceux de la culture cordée en Europe. Parmi les individus issus des mégalithes de la culture des vases à entonnoir, les 2 individus de Rössberga se regroupent avec les fermiers néolithiques alors que les trois individus de Öllsjö se regroupent avec les individus de la culture cordée.
De manière intéressante les individus de la culture cordée qui ont les datations radiocarbones les plus anciennes parmi celles de la culture cordée (dont les deux de Pologne du site de Obłaczkowo) se regroupent avec les pasteurs des steppes. Avec le temps, cette affinité génétique des individus de la culture cordée avec les pasteurs des steppes diminue suite à des mélanges génétiques avec les populations locales.
Les auteurs ont ensuite fait une analyse avec le logiciel qpAdm en utilisant trois sources ancestrales: chasseurs-cueilleurs (en bleu), fermier du néolithique (en orange) et pasteurs des steppes (en vert):
La figure ci-dessus montre que l'ascendance majoritaire parmi les individus de la culture cordée est celle des pasteurs des steppes. Les individus de la culture des haches de combat de Suède n'échappent pas à cette règle, bien qu'ils aient, en moyenne, moins d'ascendance des pasteurs des steppes que les autres individus de la culture cordée. La femme d'Estonie du site de Karlova montre le même motif. A l'inverse les deux individus du site de Obłaczkowo en Pologne montrent une très forte proportion (> 90%) de l'ascendance verte. En fait tous les individus de la culture cordée datés d'avant 2600 av. JC. montrent une forte proportion de cette ascendance des pasteurs des steppes. Ces résultats suggèrent une diffusion initiale rapide des individus de la culture cordée, suivie par un mélange génétique avec les populations locales.
En suède, les candidats possibles à la formation de la culture des haches de combat sont des individus de la culture cordée, de la culture des vases à entonnoir et de la culture de la céramique percée. Cette hypothèse est confirmée par le logiciel qpWave. Cependant un modèle incluant un mélange génétique à seulement deux sources, entre des individus de la culture cordée et des individus de la culture des vases à entonnoir fonctionne également. D'autre part, il n'est pas exclu que le mélange génétique ait eu lieu avant l'arrivée en Scandinavie, à l'intérieur de la population de la culture cordée initiale probablement originaire de l'est de la Baltique. Si le mélange génétique a eu lieu en Scandinavie, la contribution cordée vient alors probablement du sud de la Baltique. Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour discriminer les deux modèles.
L'ascendance génomique de la population de la culture des haches de combat en Suède
vendredi 11 octobre 2019. Lien permanent ADN ancien