Le Néolithique Final est caractérisé archéologiquement par une forte diversification régionale. Une des unités occidentales qui émerge au début du Néolithique Final est la culture de Wartberg qui s'étend de 3500 à 2800 av. JC. dans l'ouest de l'Allemagne Centrale. Elle est issue de la culture de Michelsberg qui la précède entre 3800 et 3500 av. JC.:

2019_Immel2_Figure1.jpg, déc. 2019

Elle est connue pour son architecture mégalithique qui ressemble aux monuments de Bretagne et du Bassin Parisien.

Alexander Immel et ses collègues viennent de publier un papier intitulé: Neolithic genomes reveal a distinct ancient HLA allele pool and population transformation in Europe. Ils ont séquencé le génome de 42 squelettes issus d'un monument mégalithique de la culture de Wartberg situé à Niedertiefenbach en Allemagne. Tous les squelettes sont datés entre 3300 et 3200 av. JC. Les auteurs ont également analysé les régions des antigènes des leucocytes humains (HLA).

Les auteurs ont testé la présence des pathogènes suivants: Yersinia pestis, Mycobacterium tuberculosis et Mycobacterium leprae. La recherche a été négative. D'autre part, parmi les 42 individus testés, il y a 25 hommes et 10 femmes.

Les auteurs ont réalisé une Analyse en Composantes Principales. Dans la figure ci-dessous les chasseurs-cueilleurs sont situés en haut à gauche, les fermiers du Néolithique à droite et les pasteurs des steppes en bas. Les échantillons de Niedertiefenbach sont représentés par des disques rouges:

2019_Immel2_Figure2.jpg, déc. 2019

Ils s'étendent entre les fermiers du Néolithique et les chasseurs-cueilleurs le long de la première composante. Certains individus se rapprochent des échantillons de la grotte de Blätterhöhle (carrés bleus).

Les auteurs ont également réalisé une analyse avec le logiciel ADMIXTURE. Dans la figure ci-dessous les échantillons de Niedertiefenbach sont caractérisés par deux composantes principales issues des chasseurs-cueilleurs et des fermiers du Néolithique:

2019_Immel2_Figure3.jpg, déc. 2019

Le logiciel qpAdm montre qu'en moyenne les individus de Niedertiefenbach possède 40% d'ascendance chasseur-cueilleur et 60% d'ascendance fermier. Individuellement la proportion d'ascendance chasseur-cueilleur varie de 34 à 58%. La date de mélange génétique est estimé à environ 15 générations avant leur décès, soit entre 3850 et 3520 av. JC. Cette date correspond archéologiquement à une phase d'expansion et de changements sociaux à la fin de la culture de Michelsberg. Cependant plusieurs événements de mélange génétique ont pu arriver dans le passé à des dates différentes.

Les auteurs ont ensuite étudié certains phénotypes comme la couleur de la peau, des cheveux et des yeux, la digestion de l'amidon et la tolérance au lactose. 14 individus ont la peau et les cheveux sombres, trois seulement ont les yeux clairs. Un seul individu a les deux allèles ancestrales incompatible avec la digestion de l'amidon, six ont les deux allèles, et aucun possède les deux allèles dérivés pour la digestion de l'amidon. Enfin tous les individus testés sont intolérants au lactose.

Les auteurs ont analysé certains antigènes des leucocytes humains: HLA A, B, C, DPB1, DQB1 et DRB1 chez 23 squelettes du mégalithe de Niedertiefenbach. Comparés aux résultats obtenus sur les populations actuelles, la population de Niedertiefenbach montre des allèles des HLA correspondant à une forte résistance à certains pathogènes viraux et une plus grande sensibilité aux infections bactériennes ou à leurs complications.

Les auteurs ont identifié 28 haplotypes mitochondriaux différents et 9 haplotypes du chromosome Y différents. De manière intéressante, 9 des 25 hommes ont le même haplotype du chromosome Y, ce qui suggère une forme de patrilocalité.

Enfin les auteurs ont identifiés trois enfants (une fille et deux garçons) reliés au premier degré. La similarité de leur haplotype mitochondrial et du chromosome Y et de leur profil HLA confirme qu'ils sont frères et sœur.