Les dernières études de paléo-génétique ont dévoilé la diversité génétique et la structure de la population des chasseurs-cueilleurs et des fermiers du Néolithique en Europe et en Asie du sud-ouest, conduisant à une meilleure compréhension des processus de néolithisation. Les résultats ont montré une migration importante de fermiers venus d'Asie du sud-ouest vers l'Europe en suivant deux routes principales le long des côtes méditerranéennes et le long de la vallée du Danube.

La Grèce, située au carrefour des régions de l'Asie du sud-ouest, des Balkans et de l'est de la Méditerranée, a joué un rôle important dans ce processus. L'agriculture et l'élevage y arrive vers 6700 av. JC. Les plus anciens sites du Néolithique se trouvent en Crête, dans le Péloponnèse (grottes Franchti et Alepotrypa), en Grèce centrale (grotte Sarakenos), en Macédoine (Mavropigi-Fillotsairi et Paliambela-Kolindrou) et en Thessalie (Argissa, Gendiki et Sesklo). Les dernières datations radiocarbone indiquent que le début de la Néolithisation s'est fait simultanément sur les deux bords de la mer Égée.

En Grèce, le Néolithique a duré près de 4000 ans en suivant quatre phases successives: le Néolithique Ancien entre 6700/6500 et 6000/5600 av. JC., le Néolithique Moyen entre 6000/5600 et 5400/5300 av. JC, le Néolithique Récent entre 5400/5300 et 4700/4300 av. JC. et le Néolithque Final entre 4700/4300 et 3300/3100 av. JC. La période précédente du Mésolithique commence avec les débuts de l'Holocène. Elle est représentée par quelques sépultures entre 8600 et 6500 av. JC. situées dans les grottes Franchti dans le Péloponnèse, Theopatra en Thessalie, Cyclops sur l'île Youra et Sarakenos en Béotie, et sur le site de plein-air de Maroulas sur l'île de Kythnos.

En Grèce, le Néolithique s'est propagé rapidement entre 6600 et 6400 av. JC. avec l'apparition simultanée dans toute la région du paquet Néolithique comprenant des animaux domestiques (moutons, chèvres, cochons et bœufs), des cultures (blé, orge et légumineuses), des céramiques, des pierres à moudre et des figurines. Son origine pointe vers le Proche-Orient: Levant ou Anatolie.

Bien que de nombreux anciens génomes soient disponibles en Europe du sud-est, seuls un génome du Néolithique Ancien à Revenia et sept génomes du Néolithique Récent/Final dans le nord (Paliambela et Kleitos) et le sud (grottes Alepotrypa Diros et Franchthi) sont actuellement publiés pour la Grèce. L'unique génome du Néolithique Ancien est similaire à ceux contemporains d'Anatolie du nord-ouest ou d'Europe Centrale ou de l'ouest. Ceux de la fin du Néolithique montrent un signal supplémentaire lié aux chasseurs-cueilleurs du Caucase.

Nuno Silva et ses collègues viennent de publier un papier intitulé: Ancient mitochondrial diversity reveals population homogeneity in Neolithic Greece and identifies population dynamics along the Danubian expansion axis. Ils ont séquencé le génome mitochondrial de 70 anciens individus de Grèce allant du Mésolithique (3 sites) au Néolithique (12 sites) datés entre 7050 et 3300 av. JC. Ils ont obtenu des résultats pour 42 individus tous du Néolithique. Ces données ont été fusionnées à d'autres préalablement publiées de chasseurs-cueilleurs et de fermiers d'Europe, ainsi qu'à des génomes de la population actuelle de Grèce:

2022_Silva_Figure1.jpg, août 2022

Les haplogroupes mitochondriaux des anciens individus de Grèce du Mésolithique et du Néolithique sont les suivants: H (31%), T (prédominant au Néolithique Ancien), K (28,6%), J (à partir du Néolithique Moyen), N1 (à partir du Néolithique Moyen), U (à la fin du Néolithique) et HV (à la fin du Néolithique):

2022_Silva_Figure2.jpg, août 2022

L'haplogroupe K est intéressant. En Europe Centrale et du Nord, il est absent au Mésolithique et apparaît seulement au Néolithique. En Grèce il est également commun au Néolithique, mais est déjà présent au Mésolithique dans la grotte Theopetra. Il est également présent avant le Néolithique au Proche-Orient en Israël et en Anatolie. De manière intéressante, il n'y a aucun ancien individu de l'haplogroupe mitochondrial U5.

La distance génétique avec les régions adjacentes (Anatolie du nord-ouest, Balkans et Carpates) est faible. Par contre, la population actuelle de Grèce est significativement génétiquement différente de celle du Néolithique de la même région. Cette différence peut-être du à différents facteurs: échantillonnage, migrations ou dérive génétique.

Les auteurs ont ensuite investigué différents modèles démographiques de la diffusion du Néolithique le long de la vallée du Danube. Les modèles les plus probables sont ceux qui proposent un accroissement du mélange génétique entre chasseurs-cueilleurs et fermiers au cours du temps au détriment de ceux qui proposent une mélange génétique constant.