Le changement de mode de vie de la chasse et de la cueillette vers l'agriculture et l'élevage a émergé vers 10.000 ans av. JC. au Proche-Orient. Durant les 7ème et 6ème millénaires av. JC., le Néolithique s'est diffusé des Balkans vers l'Europe Centrale, mais aussi le long des côtes Méditerranéennes jusqu'à la péninsule Ibérique. Dans cette dernière région la transition Néolithique débute vers 5700 av. JC. et semble complexe avec la coexistence de communautés de chasseurs-cueilleurs et de fermiers pendant deux millénaires environ.
Les plus anciennes sépultures Néolithiques de la péninsule Ibérique sont des tombes individuelles, parfois regroupées en cimetières. On trouve également des restes humains dans des grottes utilisées comme sépultures collectives. A la fin du 5ème millénaire av. JC., apparaissent les tombes mégalithiques qui relient la péninsule Ibérique avec d'autres régions d'Europe. Cependant les tombes individuelles persistent dans le Nord Est. A la fin du 4ème millénaire av. JC., des enclos circulaires se développent. Pendant le Chalcolithique, des sites fortifiés sont construits dans l'Ouest et le Sud de la région. A partir de 2600 av. JC. le phénomène Campaniforme se développe avec sa poterie caractéristique, ses armes en cuivre, ses ornementations en or et d'autres objets de prestige. Autour de 2200 av. JC., les enclos circulaires et les sites fortifiés disparaissent, et les sépultures collectives laissent la place aux sépultures individuelles. Les groupes de la culture El Argar émergent dans le Sud Est avec l'apparition des premiers centres urbains comme celui de la Bastida.
Anna Szécsényi-Nagy et ses collègues viennent de publier un papier intitulé: The maternal genetic make-up of the Iberian Peninsula between the Neolithic and the Early Bronze Age. Ils ont analysé l'ADN mitochondrial de 318 squelettes issus de 57 sites préhistoriques de la péninsule Ibérique et obtenu des résultats pour 213 individus:
Ce papier fait suite aux travaux de thèse de Christina Roth.
La figure ci-dessous donnent les résultats obtenus pour la péninsule Ibérique:
Les auteurs ont utilisé les résultats obtenus sur les chasseurs-cueilleurs du Mésolithique d'Europe (HG_HOL ci-dessus) comme une estimation de la population Mésolithique de la péninsule Ibérique. Cette population possède essentiellement les haplogroupes U5b et U5a, mais aussi, U2, U4, U* et R. Dans le centre de la péninsule Ibérique, l'haplogroupe U5b est important au Néolithique (19,4%), et reste fréquent aux périodes suivantes: Chalcolithique et Bronze Ancien (13,9%). Ce résultat suggère que la Néolithisation du centre de l'Ibérie s'est accompagné d'un plus fort mélange génétique avec la population Mésolithique locale que dans les régions côtières.
La composition mitochondriale du Néolithique Ibérique ressemble à celle du début du Néolithique en Anatolie, dans le bassin des Carpates et en Europe Centrale: haplogroupes K, J, T2, HV, V et X. Cependant la fréquence de l'haplogroupe H est plus élevée dans la péninsule Ibérique qu'en Europe Centrale et la fréquence de l'haplogroupe N1a plus faible.
Les auteurs ont ensuite effectué une Analyse en Composantes Principales pour comparer la population Ibérique Préhistorique à celles d'Europe et du Proche-Orient:
La figure ci-dessus montre que la population Néolithique du Nord Est de la péninsule Ibérique (NEI_Neo) se rapproche des populations Néolithiques d'Anatolie (ANAT), d'Allemagne (GER_EN et GER_MN) et du Bassin des Carpates (CB_EN). Les autres groupes Ibériques se regroupent entre eux et avec les groupes Néolithiques de France: Gurgy (FRA_GUR) et Treilles (TRE).
Dans la péninsule Ibérique, au Chalcolithique, les haplogroupes U2, N* et N1a disparaissent alors que les haplgroupes V, T2 et X persistent. De manière intéressante l'haplogroupe L1b apparait et montre ainsi un lien avec l'Afrique. L'haplogroupe U5a apparait pour la première fois également à cette période.
Les résultats des tests de Fisher suggèrent une continuité de la population dans la péninsule Ibérique entre le début et la fin du Chalcolithique. Ainsi le Campaniforme n'apparait pas comme une nouvelle population dans cette région. De la même façon il n'y a pas de changement de population au Bronze Ancien.
L'analyse de l'haplogroupe H, montre que la sous-clade H1 est la plus fréquente (65,1%) suivi par H3 (14%). De manière intéressante, les clades communes d'Europe Centrale: H5 et H7, sont absentes en Ibérie.
L'analyse des haplotypes montre que dans la péninsule Ibérique, la diversité mitochondriale au Néolithique Ancien est plus faible qu'aux périodes suivantes: Néolithique Moyen, Néolithique Final et Chalcolithique. Elle diminue à nouveau au Bronze Ancien. Il n'y a pas de contribution apparente des lignages Mésolithiques aux lignages Néolithiques, par contre de nombreux lignages du Néolithique Ancien se retrouvent aux périodes suivantes jusqu'au Bronze Ancien.
La composition génétique maternelle de la péninsule Ibérique entre le Néolithique et le Bronze Ancien
samedi 18 novembre 2017. Lien permanent ADN ancien
2 réactions
1 De Lightspinner - 18/11/2017, 23:30
Je me demandais à quelle période les lignees maternelles H1 , H3 et U5b étaient arrives au Maghreb donc cette étude est très intéressant à ce sujet. Il y a donc eu probablement des liens et des influences de par et d'autre des deux rives de la Méditerranée , comme l'indique aussi la présence de L1b en Espagne chalcholitique , l'influence à été bidirectionnelle.
2 De Lightspinner - 19/11/2017, 18:06
Au Néolithique l'Iberie est dominé par des lignées paternelles comme I2a , G2a , mais aussi RV88 , T1 et EV13 tandis qu'au Bronze Age moyen il y a un remplacement sans pareil pour atteindre les 70% de R1b d'aujourd'hui essentiellement sous-clade Df72 avec quelques U152 et L21. Vagues de Lusitaniens ? French Bell Beaker ? Celtibères ?