Les Phéniciens ont relié l'Asie, l'Europe et l'Afrique à travers leur réseau commercial et leurs colonies. Ils ont créé l'alphabet ancestral à ceux utilisés aujourd'hui dans le monde occidental. Ils étaient des navigateurs confirmés et se sont dispersés dans tous le bassin Méditerranéen. A partir de leur foyer d'origine situé au Liban, ils ont établi des comptoirs à Chypre, à Malte, en Sicile, en Sardaigne, à Ibiza, en Péninsule Ibérique et le long de la côte Nord Africaine, notamment à Carthage.

Malgré cette influence importante, peu de documentation historique concerne directement les Phéniciens. Ce que l'on sait d'eux nous vient principalement des Grecs, des Romains et des Égyptiens. Ils n'ont jamais été une entité politique unifiée ou une ethnicité distincte du Liban. Les cités-états de Biblos et Sidon ont émergé avec leur commerce maritime des 3ème et 2d millénaires av. JC, suivies peu après par Tyre. Durant le première millénaire av. JC., les Grecs les appellent les Phéniciens c'est à dire les habitants du pays pourpre, en référence à la coloration de leur production textile. Avant eux cependant, la région est occupée à l'âge du Bronze par les Cananéens qui ont été confinés par la suite sur la côte méditerranéenne. Au 8ème siècle av. JC., les Assyriens l'emportent sur les Phéniciens dont l'influence se déplace alors à Carthage fondée par les habitants de Tyre qui s'enfuient en 813 av. JC.. Cette ville devient alors la capitale Phénicienne jusqu'à sa destruction par les Romains en 146 av. JC. pendant la troisième guerre Punique:
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Les Phéniciens se sont établis en Sardaigne d'abord sur les côtes Sud et Ouest. Leurs premières colonies sont Sulcis et Monte Sirai. Cette dernière est l'une des plus importantes nécropoles Phéniciennes en Sardaigne. Elle a été utilisée entre le 7ème et le 4ème siècles av. JC.

Elizabeth Matisoo-Smith et ses collègues viennent de publier un papier intitulé: Ancient mitogenomes of Phoenicians from Sardinia and Lebanon: A story of settlement, integration, and female mobility. Ils ont analysé le génome mitochondrial complet de 28 anciens individus issus de trois sites Phéniciens du Liban et de Sardaigne (Monte Sirai), ainsi que d'un site de l'âge du Bronze au Liban. Ces données ont ensuite été comparées à 87 séquences mitochondriales de populations Libanaises actuelles et à 21 séquences mitochondriales d'individus anciens de Sardaigne qui ont précédé les Phéniciens.

Des résultats ont été obtenus pour 10 individus de Monte Sirai et 4 individus du Liban. La table ci-dessous donne les haplogroupes mitochondriaux obtenus pour ces anciens Phéniciens ainsi que les résultats obtenus dans une étude précédente pour les 21 anciens Sardes Pré-Phéniciens:
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Les auteurs ont dessiné un réseau de toutes les anciennes séquences:
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Les séquences Sardes Pré-Phéniciennes sont en bleu foncé, les séquences Phéniciennes Sardes en bleu clair, les séquences Phéniciennes du Liban en rouge et l'unique séquence Pré-Phénicienne du Liban en jaune. Un seul haplotype H3 est partagé entre un individu Sarde Pré-Phénicien et un individu Sarde Phénicien. Cela suggère une certaine intégration de la population Sarde Pré-Phénicienne dans les colonies Phéniciennes de Sardaigne. Deux branches K1 et U5 ne contiennent que des Sardes Pré-Phéniciens. Trois branches W5, N1b et X2 ne contiennent que des Sardes Phéniciens. Les auteurs suggèrent que ces trois branches sont des lignages Phéniciens introduits en Sardaigne. L'haplotype T2b du Liban (en rouge) se regroupent avec deux anciens Sardes Pré-Phéniciens. D'autre part, l'haplogroupe T2b n'a pas été identifié dans la population actuelle Libanaise. Les auteurs suggèrent que cet individu est un migrant arrivé au Liban. Ainsi quatre des anciens individus sont supposés avoir migré avec le commerce Phénicien. Ces résultats sont à rapprocher de ceux obtenus sur un ancien Phénicien de Carthage dans une étude précédente.