La 12e Journée InterNéo s'est tenue à Saint-Germain-en-Laye le samedi 6 octobre 2018 au musée d’Archéologie nationale. Parmi les nombreuses interventions, deux ont rapporté la découverte récente de sépultures campaniformes. La première donnée par Sébastien Chauvin et ses collègues a présenté la fouille de la sépulture de Blignicourt dans l'Aube, et la seconde donnée par Cynthia Domenech-Jaulneau et Aloïs Corona a présenté la fouille de la sépulture de Saint Martin la Garenne dans les Yvelines.

La sépulture de Blignicourt

Une fouille a eu lieu entre septembre et décembre 2016 au lieu-dit Rotrate sur la commune de Blignicourt dans l'Aube, situé à environ 40 km au nord-est de Troyes. La structure 530 se situe à seulement 3 m de la limite de la zone fouillée. Elle renferme une sépulture campaniforme dans une fosse de plan ovalaire orientée est/ouest de dimension 1,60 m de long pour 1,10 m de large. Cette sépulture a livré un individu féminin de 18 à 20 ans, reposant sur le côté gauche, la tête à l'est:
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Il s'agit d'un individu gracile d'une taille d'environ 1,65 m. La taphonomie du squelette indique une décomposition en espace vide. Au pied de la femme, un gobelet campaniforme de type AOC a été déposé. Il mesure 17,9 cm de haut avec un diamètre à l'ouverture de 14 cm. Les parois mesurent 0,5 cm d'épaisseur. Le décor a été réalisé avec une cordelette, une fibre roulée en un seul brin et enroulée autour d’une âme souple:
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Une analyse physico-chimique a été réalisée sur un prélèvement de la paroi. Elle révèle la présence d'un corps gras animal non ruminant, probablement le dernier contenu du vase: une préparation ou un dépôt de morceau carné, ou de graisse, mélangé à des matériaux végétaux.

Le mobilier lithique est constitué de trente-trois éléments. Ils se décomposent en deux ensembles distincts. Le premier ensemble se trouve près du crâne. Il s'agit d'une armature de flèche à pédoncule et ailerons, d'un briquet en deux morceaux et d'un éclat appointé triangulaire:
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Le second est composé de 28 silex empilés en plusieurs couches, situés sous le vase. L’approvisionnement en matière première se trouve à partir de la vallée de la Barbuise, à 20 km à l’ouest du site. Une défense supérieure droite entière d’un sanglier mâle adulte non travaillée était collée au dépôt lithique.

La datation de la sépulture a été réalisée sur un charbon de bois d’un aubier de chêne, situé sous le vase et contre le dépôt lithique, ce qui semble lui confirmer sa contemporanéité avec le dépôt funéraire. Le résultat est compris entre 2857 et 2488 av. JC., soit une date précoce pour le campaniforme.

Des tests ADN ont été réalisés sur cet individu dans le cadre du projet Ancestra. Il va falloir attendre la publication de la thèse de Samantha Brunel ou de la publication scientifique associée pour connaître les résultats.

La sépulture de Saint Martin la Garenne

Une fouille a eu lieu en 2017 au lieu-dit Les Bretelles sur la commune de Saint Martin la Garenne dans les Yvelines, dans la vallée de la Seine, à un endroit caractérisé par une succession de plusieurs boucles très marquées. La structure funéraire campaniforme se situait sur le sommet d'un dôme tardiglaciaire en bordure d'un paléochenal parallèle au cours de la Seine actuelle. Elle correspond à l’inhumation primaire d’un individu adulte de sexe masculin.

La présence de quatre gros blocs en calcaire déposés en ligne et contre la partie supérieure de la paroi nord-ouest vient démontrer la présence d’une structure architecturée. La position du squelette montre que le défunt a été déposé sur le côté gauche, les membres supérieurs repliés sous le thorax et les membres inférieurs fléchis latéralement. Le corps est orienté nord-est/sud-ouest, avec la tête au nord-est:
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Le défunt était accompagné d'un brassard d'archer en schiste de forme rectangulaire (86x24x6 mm) avec une perforation à chaque extrémité. Il était placé sur le bras droit tout près du coude:
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Une datation radiocarbone a été réalisée à partir d'une dent du défunt. Le résultat a produit une date située entre 2339 et 2139 av. JC.